Ptahhotep et son épouse Asetouret

Fragment de groupe statuaire

Égypte > probablement Saqqara

Basse Époque, début de la XXVIe dynastie

Quartzite

H. 13,5 CM ; L. 26,8 CM ; P. 13,5 CM

Co. 3496

Comment

State of preservation

Toute la partie supérieure de la statue manque. Elle a été cassée à la fois horizontalement et verticalement, au niveau de la taille des personnages. Par conséquent, seules leurs jambes sont conservées – avec les avant-bras reposant sur les cuisses – ainsi que le socle rectangulaire, dont l’angle avant gauche est cassé. Une toute petite partie de l’abdomen de l’homme est encore visible. L’état général de conservation de l’œuvre est bon. Cependant, des abrasions et des épaufrures ont été relevées en plusieurs endroits, en particulier sur les arêtes du socle, le bord du pagne de l’homme, l’extrémité de ses doigts et son genou gauche. Les côtés de l’œuvre sont d’origine. Aucune trace de polychromie n’a été observée.

Description

Cette partie inférieure d’un groupe statuaire figure un homme et une femme, selon les conventions égyptiennes de représentation des deux sexes. Ils sont assis sur un socle rectangulaire. L’homme est assis en tailleur, il porte un pagne qui s’arrête au-dessus de ses genoux. Sa main droite repose à plat sur le vêtement, tandis que sa main gauche est repliée sur le bord du tissu. À sa droite une femme est assise sur les talons, les jambes repliées sous elle. Ses pieds ne sont pas conservés. On devine qu’elle porte une robe dont l’extrémité arrondie est visible sur les genoux (vue de face). Les mains de la femme reposent à plat sur ses cuisses. Les corps des deux personnages ne se touchent pas, l’espace entre eux n’a pas été évidé. Les jambes musclées de l’homme sont particulièrement détaillées – avec indication des genoux, des mollets et de l’arête des tibias –, ce qui contraste avec l’absence de pieds. Bien que les mains ne présentent aucun relief, on notera le modelé rond des avant-bras et l’indication de l’os du poignet sur le bras gauche de l’homme. Une inscription hiéroglyphique, gravée sur le vêtement de chacun des personnages, donne leurs noms : Ptahhotep et Asetouret. [Consulter l’onglet inscription]. Dans l’art égyptien, les statues de couples, tant royaux que privés, sont attestées depuis l’Ancien Empire et jusqu’à la fin de la civilisation, bien que de nombreux exemples soient connus à partir du Nouvel Empire (XVIIIe dynastie, vers 1550-1295 av. nè). L’homme et la femme sont généralement traités à égalité, tant dans les dimensions que la posture : assis côte à côte sur un siège rectangulaire à haut dossier, une main posée sur la cuisse, un bras passé dans le dos du conjoint. Leurs noms, accompagnés de leurs titres et fonctions, sont parfois gravés en colonne sur leur vêtement. Concernant le matériau, le calcaire est privilégié, mais d’autres pierres ont pu être utilisées. Néferhebef, sa femme et son fils (Louvre A57), en calcaire peint : Le gardien du trésor Youyou et sa femme Tiy (Louvre A116), en quartzite :  Nebouaou et son épouse (Metropolitan Museum of Art 19.2.3), en grès peint : 

 

Après l’époque ramesside, les statues de couple deviennent très rares, au profit des statues individuelles (Aldred, L’art égyptien, p. 195)

 

Comme une grande partie des sculptures égyptiennes, l’œuvre Co.3496 appartient au domaine funéraire. Placée dans une niche située à l’intérieur de la chapelle funéraire, une telle statue devait être le point central de l’hommage rendu au défunt et à son épouse. Les exemples mentionnés ci-dessus mettent en lumière l’originalité de Co. 3496, qui réside dans la posture asymétrique des personnages.

 

L’œuvre de la collection Rodin est caractéristique de la période saïte (XXVIe dynastie, entre 664 et 525 av. nè), période de renaissance culturelle, où les artistes vont puiser dans les modèles artistiques antérieurs (notamment l’Ancien Empire) pour affirmer la grandeur retrouvée de l’Égypte. Les particularités stylistiques de la statuaire de cette époque se retrouvent dans l’effigie de Nakhthoreb conservée au musée du Louvre (A94) : et ses parallèles au British Museum (EA 1646) et dans une collection privée, cf. PERDU expo 2012, doc. 7-9 p. 48-49. Bien que l’échelle et l’iconographie soient différentes de Co. 3496, le style est similaire : vêtement archaïsant, modelé des mains et des avant-bras, soin apporté à la représentation de l’anatomie des jambes. Il est possible d’imaginer Ptahhotep torse nu et portant la « perruque en bourse » de Nakhthoreb, caractéristique de cette période.

 

On peut également rapprocher Co. 3496 d’une statue de scribe acéphale de la collection Joseph Altounian, datée de la même époque et vendue aux enchères chez Artcurial le 17 septembre 2019 (lot 22). Il est intéressant de noter que Co. 3496 a justement été achetée par A. Rodin auprès de Joseph Altounian (1890-1954), antiquaire et collectionneur.

 

Historic

Acquis par Rodin auprès de Joseph Altounian en août-septembre 1912.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 90, "Fragment d'un groupe en grès représentant un personnage assis sur ses genoux et ayant sa femme à sa droite. La partie inférieure des deux personnages est seule conservée. L'un et l'autre porte une inscription entre les deux genoux, entre ceux de la femme on lit [hiéroglyphes] Très mutilé. Larg. 27 cent. Haut. 12 Estimé cent cinquante francs."

Donation Rodin à l’État français en 1916.

Historic comment

La statue fut exposée à l’hôtel Biron "Au grenier chambre n° 5", parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux la décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.

 

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