ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE > Probablement Thèbes
TROISIÈME PÉRIODE INTERMÉDIAIRE > XXIe– XXVIedynastie > 1069 - 656 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 5,6 cm ; L. : 4 cm ; Pr. : 3,1 cm
Co. 2434
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE > Probablement Thèbes
TROISIÈME PÉRIODE INTERMÉDIAIRE > XXIe– XXVIedynastie > 1069 - 656 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 5,6 cm ; L. : 4 cm ; Pr. : 3,1 cm
Co. 2434
L’œuvre présente un très mauvais état de conservation.
D’une statuette de femme, seule la tête est conservée, surmontée d’une couronne rapportée de type mortier. D’après la cassure, la tête semble avoir été arrachée du corps. Tout le fragment est extrêmement oxydé, les détails patinés. Au côté gauche de la tête, un impact a attaqué le métal. La couronne est également patinée. Des cassures sont visibles à son sommet, ainsi que des concrétions de métal sur son pourtour.
Le fragment Co. 2434 est à replacer dans une statuette de femme. Il ne reste aujourd’hui que la tête, surmontée d’une couronne. La tête est brisée à la base du cou, laissant apparaître l’amorce du trapèze droit.
Le visage de la femme est rond, aux traits pleins. Elle est coiffée d’une perruque épaisse, en forme de boule. Composée de longues mèches tressées finement, celle-ci encadre le visage. La frange descend bas sur le front. Contrairement à ce que l’on peut retrouver sur des statuettes féminines de ces époques, notamment la statue n° 210 du Musée archéologique national d’Athènes représentant Takousit, sur laquelle les pointes de la perruque suivent la forme du visage jusqu’à se fondre sur les mâchoires, ici avec l’œuvre Co. 2434, la perruque s’arrête net en-dessous des oreilles et à la base du crâne formant un angle droit, de la même manière que la perruque de la statuette conservée au British Museum EA43373 ou la statue de Karomama du Musée du Louvre N 500.
Une couronne surmonte la coiffe. Elle est faite d’un métal différent de la tête et ne semble pas avoir créé pour cette statuette en particulier. De forme ovale et de hauteur relativement élevée, son pourtour est décoré d’une succession de carrés en creux vraisemblablement destinés à accueillir des incrustations précieuses. La base de la couronne est ornée de petites lignes verticales. Enfin, une languette de métal vient finir le sommet de la couronne, qui pourrait être le vestige d’un uraeus. La couronne est maintenue à la tête grâce à une barre métallique traversant deux bélières sur le sommet du crâne. Sur l’œuvre du British Museum EA37162, une couronne surmonte également une figure féminine présentant le même type de perruque solidaire de la tête et non rapportée. L’œuvre du Penn Museum de Philadelphie E14310 présente également une couronne cylindrique. Il est également possible d’y voir le vestige d’un disque solaire prolongeant, voir par exemple les figurines n° 347 conservée à Londres au University College et 36076 du British Museum (cf. ROEDER Günter, Ägyptische Bronzefiguren, Berlin, 1956, p. 320, § 404, Abb. 413-414).
Ce style de perruque tressée bouffante est caractéristique de l’époque post-amarnienne. On l’a retrouve le plus souvent sur des œuvres de la Troisième Période intermédiaire et de l’Époque Tardive portées par les Divines Adoratrices d’Amon, également appelées Divines Épouses. Les exemples présentés plus haut sont tous des figurations de ce type de prêtresse et datent de ces deux périodes.
Dès le début du Ier millénaire, à la fin des règnes des Ramessides, période troublée politiquement, on voit apparaître de nombreuses modifications dans le domaine religieux, notamment l’évolution de l’importance et du pouvoir du clergé d’Amon. L’apparition de Grands Prêtres d’Amon, connus également sous le nom de Prophètes, s’accompagne de l’émergence d’un clergé féminin, les Divines Adoratrices, ou Épouses. Ce titre désigne une prêtresse qui entretient le dieu dans sa puissance, sa fertilité et dont la participation est requise dans les principaux rites de purification, d’offrande et d’envoutement pratiqués. De par ce service cultuel apaisant la divinité, elles assurent la fertilité du Nil et le maintien de l’ordre cosmique. Bien que la majorité des Divines Adoratrices officiait à Thèbes en tant qu’épouse d’Amon, elles pouvaient être associées à toutes femmes de dieu telles qu’Isis, Hathor, Ouaset ou encore Opet.
À la XVIIIe dynastie, ce titre est déjà utilisé mais qualifie les dames qui devaient suppléer aux reines et aux princesses dans leurs obligations rituelles. Jusqu’à la fin du Nouvel Empire, il n’est donné qu’aux femmes de sang royal, la dernière connue ayant reçu ce titre est une fille de Ramsès VI, Isi.
À la XXIe dynastie, sous le règne de Maâtkarê, l’avènement d’une nouvelle prêtresse s’accomplit par un couronnement (voir par exemple le relief dans la chapelle d’Osiris Héqadjet à Karnak de la Divine Adoratrice Chépénoupet Irecoiffée de deux doubles couronnes) et la fixation d’une titulature dans un cartouche, ce qui leur confère une supériorité et un attribut théologique sans précédent. C’est aussi à cette période qu’un troisième privilège royal leur est accordé, la présence d’un uraeus frontal sur leurs oushebti. Ces éléments autrefois réservés uniquement au roi, placent la Divine Épouse comme égale du souverain. Elle est ainsi représentée face aux dieux sur les reliefs des temples pour y accomplir la quasi-totalité des prérogatives royales liturgiques. Cette fonction se transmet alors par héritage, les filles deviennent prêtresse après leur mère (cf. GOMBERT-MEURICE Florence, PAYRAUDEAU Frédéric (dir.), Servir les dieux d’Égypte. Divines adoratrices, chanteuses et prêtres d’Amon à Thèbes, Catalogue d’exposition, Musée de Grenoble, 25 octobre 2018 – 27 janvier 2019, Paris, 2018, p. 272, fig. 1). On voit ainsi apparaître une dynastie de prêtresses entièrement consacrées au dieu par leur vie et leur célibat. Elles possèdent une cour et des biens matériels conséquents et au fil du temps jouent un rôle de plus en plus important dans les affaires diplomatiques et politiques.
L’œuvre Co. 2434 serait une figuration d’une Divine Adoratrice, ou plus simplement d’une chanteuse d’Amon, c’est-à-dire une des membres de la cour de la prêtresse en fonction.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Meudon / pavillon de l'Alma / vitrines 23 et 24, 531, "Lot de petits bronzes sans intérêt ou très suspects. Trois pattes d'oisaeux (Ibis ?), un bras humain replié, une égide, une situle, une tête à perruque ronde surmontée d'une douille, un Khonsou et un dieu hiéracocéphale en tout 9 pièces. Sans valeur."
Donation à l’État français en 1916.