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Relief funéraire

Scène de banquet avec Houynefer, directeur de la forteresse du Grand Bleu

Égypte > Saqqâra, zone des tombes ST217 et ST218

Nouvel Empire > XIXe dynastie

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 51 CM ; L. 21,6 CM ; P. 6,4 CM

Calcaire

Co. 969

Comment

State of preservation

L’œuvre est en mauvais état de conservation. De très nombreuses cassures et éraflures mutilent la gravure des personnages, dont les traits du visage sont complètement arasés. Le revers est entièrement et grossièrement cisaillé. Seule la tranche droite est d’origine, les autres correspondant à des cassures. On observe encore sur la partie droite l’engobe préparatoire de couleur crème, qui recouvrait la surface des parois décorées et était appliqué préalablement aux couches de polychromie. On remarque aussi des concrétions de mortier rosé dans le coin supérieur droit du deuxième registre. De la terre de fouille jaune est visible à certains endroits. Des traces ocre rouge ou noires sont présentes dans le creux de certains hiéroglyphes, ainsi que des pigments noirs (voir en particulier dans la perruque des personnages).

Un texte en deux colonnes occupe l’espace laissé libre devant lui. Sur une photographie en noir et blanc (musée Rodin), prise avant 1967 par le photographe Adelys pour le catalogue Rodin collectionneur , il est possible de constater qu’une troisième colonne de hiéroglyphes les précédaient. En octobre 1967, le relief fut restauré et soclé dans l'atelier de Jean-Michel André, avant son exposition au musée.

Description

Sur ce bloc de calcaire fin comportant quelques rares inclusions grisées, un panneau extrait de la paroi d’un tombeau a conservé une scène de banquet funéraire, disposée en deux registres incomplets. Le décor est gravé en relief par rapport au fond tandis que les hiéroglyphes sont incisés en creux. Une colonne d’encadrement est visible derrière les deux personnages. Le bloc était à l’origine brisé en deux morceaux, aujourd’hui recollés. L’observation du profil indique nettement une courbe dans la partie supérieure. Cette courbe ne semble pas imputable à cette cassure mais annonce la forme de la paroi de la tombe d’où provient ce panneau.

 

Au registre supérieur, un dignitaire est assis sur un siège à pieds de lion. Il est tourné vers la gauche et ses pieds reposent sur un petit piédestal de forme rectangulaire. L’allure du personnage est fine et élancée. Son crâne, étiré, est recouvert d’une calotte peinte à l'origine en bleu-noir. Les traits de son visage sont très effacés. Son cou est orné d’un collier ousekh à trois rangs de perles cerclées d’or. Il est vêtu d’une longue tunique plissée à large manche ainsi que d’un long pagne, plissé également. Partiellement transparent, il retombe au-dessus de ses pieds. Une pièce d'étoffe plissée ceignait ses reins, nouée sur le devant du pagne. La représentation étant arasée au niveau de la ceinture, seule la silhouette du nœud est conservée. Bras gauche légèrement replié, il serre dans son poing une longue pièce d’étoffe repliée qui s'étend jusqu'à son pagne. Son poignet gauche est orné d’un large bracelet. Son bras droit est replié sur sa poitrine, serrant un bouquet végétal allongé. Le siège à pattes de lion sur lequel il est assis est en bois, orné d’un décor géométrique. ce siège d'apparat est agrémenté d’un coussin qui déborde largement à l’arrière du dossier, indicateur du rang social élevé du convive. Les pattes de lion qui forment les pieds du siège sont réalistes ; les deux montants antérieurs correspondent aux pattes avant, les deux montants postérieurs, quant à eux, aux pattes arrière. Afin d’aligner les pattes de lion avec les pieds du dignitaire, posés sur un piédestal, un support de cinq anneaux rehausse les pieds du siège. D’après les traces de pigments qui subsistent, il est possible de restituer que la ligne de sol était peinte en noire.

 

Visible sous son siège, un élément d’offrande est surmonté d’un bouquet composé de faisceaux liés. L’extrémité du bouquet a disparu. Un autre amoncellement d’offrandes est placé devant lui, situé aujourd'hui à l’extrémité gauche du fragment. Le décor est incomplet. Un pot à lait est suspendu sous un ensemble, dont seuls sont visibles aujourd’hui des tranches de gâteau, rangées verticalement. Les feuilles d'une laitue allongée, posée le tas de victuailles, se distinguent à droite.

 

Dans le registre inférieur, un second dignitaire est représenté assis et tourné vers la gauche. Il est coiffé d’une perruque dont les petites mèches s’étagent jusqu’aux épaules. Des pigments bleu-noir sont encore incrustés entre les mèches. Son vêtement plissé est similaire à celui de l’homme représenté au registre supérieur et il adopte la même posture, bras droit replié vers la poitrine et serrant un bouquet monté, bras gauche contre son torse, enserrant une pièce d’étoffe repliée. Un collier ousekh orne son cou, aux rangs de perles plus fins que celui du personnage du registre supérieur. Ses poignets ayant été martelés, il n’est pas possible de distinguer s’ils étaient parés de bracelets. La partie inférieure du tableau a disparu, dès le niveau de la ceinture du personnage mais le dossier du siège, identique à celui du registre supérieur, est conservé.

 

Devant le dignitaire, deux colonnes de hiéroglyphes révèlent son identité, il s’agit d’un certain Houynéfer, un scribe royal portant le titre de "directeur de la forteresse du Grand Bleu". Un notable homonyme, connu par la tombe ST217 de Saqqâra dégagée en 1988 par S. Tawfik, est fils de Nebnéfer et frère de Mahou, tous trois contemporains de Ramsès II. L'Houynéfer de cette tombe porte notamment les titres de « scribe royal » et de « directeur de la forteresse ». Le nom de sa mère est, quant à lui, perdu. Il partage la propriété de la tombe ST217 avec son père,  tandis que son frère, Mahou, partage avec Nebnéfer la tombe ST218, qui se trouve immédiatement au nord de la ST217. Dans les inscriptions consignées dans les deux tombes de Saqqâra, on constate que les titres de Nebnéfer ont été distribués à ses deux fils, Houynéfer et Mahou.  Néanmoins, s'il s'agit bien du même personnage, le relief Co. 969 du musée Rodin précise qu'Houynéfer était "directeur de la forteresse du Grand bleu".

 

La forme des hiéroglyphes du relief Co. 969 présente des caractéristiques post-amarniennes, datation confirmée par les costumes et le modelé des personnages. Le relief serait donc à dater du début de la XIXe dynastie et proviendrait de Saqqâra, de la zone des tombes ST217 et ST218.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 94, "Fragment de stèle en calcaire, portant les restes de deux registres superposés. Au registre supérieur un personnage assis tourné vers la gauche, à crâne rasé ; au registre inférieur, haut d’un second personnage, également assis tourné vers la gauche, mais coiffé d’une perruque. Devant l’un et l’autre restes d’inscription en colonnes verticales. Époque thébaine. Haut. 50 ; Larg. 21. Estimé deux cent cinquante francs."

Donation Rodin à l’État français 1916.

 

Historic comment

Rodin acquit le relief avant 1913, date où il fut décrit par Charles Boreux dans l’inventaire de la donation. Il choisit de l’exposer à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection, probablement dans une des salles du rez-de-chaussée, en préfiguration de son futur musée.

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