Égypte > provenance inconnue
VIe siècle ap. J.-C.
H. 4,8 cm ; L. 16,4 cm ; P. max. 1,3 cm
Os, tibia droit de bœuf, face postérieure
Co. 2214
Égypte > provenance inconnue
VIe siècle ap. J.-C.
H. 4,8 cm ; L. 16,4 cm ; P. max. 1,3 cm
Os, tibia droit de bœuf, face postérieure
Co. 2214
Incomplète, cette pièce à la teinte ivoirine, est cassée dans sa partie senestre. Elle offre une couleur plus crayeuse et révèle un certain délitement de la matière osseuse, en partie supérieure, près de l’arrachement. Une couche superficielle de salissure et de discrets sédiments la recouvraient avant le nettoyage pratiqué par V. Picur. Un réseau de fissures longitudinales et traversantes l’endommage et provoque un délitement au dos.
Orientée vers la droite, la Néréide à demi-couchée, présente un buste légèrement relevé. Tout en coinçant son voile sous son bras gauche, elle semble s’appuyer sur ce dernier, tandis qu’elle retient le pan de drapé soulevé par le vent au-dessus de sa tête, de son bras droit. Sa tête tournée vers la gauche, regarde une autre divinité marine, dont il ne subsiste aujourd’hui plus que le buste incurvé. Peut-être s’agissait-il du corps nu d’une autre Néréide, ou du buste d’un Triton.
Glissant sur l’onde ou transportée sur le dos d’un animal aquatique, la Néréide soutenant son voile, correspond à un poncif iconographique, sur les éléments de mobilier en os parant les coffrets, dans l’Égypte tardo-antique. Ce schéma se retrouve à de nombreuses reprises sur des pièces inspirées de la tradition classique et sans doute attribuables au IVe siècle. On peut citer en guise d’exemples, le relief Co. 2070 du musée Rodin, ou l’exemplaire 18749 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 166 p. 116 pl. 49b). Toutefois, le style de notre pièce diverge nettement de ces réalisations marquées par un sens du volume et un juste rendu de l’anatomie féminine. L’artisan a pris ses distances avec l’héritage de l’art de l’époque impériale, en optant pour une approche synthétique de la silhouette de la Néréide.
Les volumes fortement géométrisés du corps et de la tête s’allient à une rigidité des membres. Le visage, qui accueille un grand œil en relief, est surmonté d’une chevelure courte formée de grosses boucles. Le bras droit, étiré jusqu’au bord supérieur de l’applique, participe à accentuer la raideur de la pose. Les contours au tracé particulièrement heurté, et les détails très simplifiés, inscrivent cette œuvre dans une série homogène, représentée par plusieurs pièces au sein des collections du musée Rodin : Co. 2129, Co. 2159-Co. 2272, Co. 2203, Co. 2209, Co. 2214, Co. 2267-Co. 2325, Co. 2271, Co. 2278. Trois pièces de cette catégorie partagent avec notre œuvre le même modèle iconographique (Co. 2203, Co. 2267-Co. 2325, Co. 2271). Ces reliefs se distinguent invariablement par des silhouettes plus incisées que véritablement sculptées dans la matière, des corps raides au modelé peu prononcé, des visages aux traits grossiers animés par de grands yeux en relief, et couronnés par des cheveux courts coiffés en mèches volumineuses (cf. MARANGOU 1976, p. 81, voir n° 172 p. 117-118, pl. 51c).
Ces critères stylistiques récurrents sur au moins une dizaine d’appliques, témoignent d’une production en série, reposant sur une utilisation rationnelle de la matière première. Ils attestent également la mise en place d’une nouvelle esthétique reposant sur une forte stylisation et une schématisation des détails anatomiques. En nous basant sur la datation avancée par A. Loverdou-Tsigarida pour l’applique 18757 du musée Benaki (LOVERDOU-TSIGARIDA 200, n° 340 p. 182-183, 301, pl. 89), nous pouvons envisager une fabrication de notre pièce vraisemblablement à la même période, à savoir le VIe siècle.
Marquage
Au dos, sur la face interne du bord inférieur, 28 marqué au crayon rouge ; 5 marqué au crayon gris dans la cavité médullaire.
Comparaisons
-Paris, musée Rodin, Co. 2203, Co. 2267-Co. 2325, Co. 2271.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.