Égypte > provenance inconnue
IVe siècle ap. J.-C.
H. 14,1 cm ; L. 4,1 cm ; P. max. 1,3 cm
Os, humérus gauche de boeuf
Égypte > provenance inconnue
IVe siècle ap. J.-C.
H. 14,1 cm ; L. 4,1 cm ; P. max. 1,3 cm
Os, humérus gauche de boeuf
La pièce est brisée à la fois le long du bord dextre, en partie basse du bord senestre et en partie inférieure. Des éclats mordent sur le bord supérieur. Alors qu’elle offre une teinte beige clair en surface, son dos se pare d’une nuance plus blonde. Des marques noires recouvrent par endroits les zones les plus en saillie. Quelques sédiments se logent dans les creux de la face principale. Des micro-traces d’étiquettes se notent encore au revers.
Se présentant debout, la taille marquée par un léger déhanchement, la jeune femme oriente sa tête vers la droite. Un long chiton densément plissé, à la ceinture haute, l’habille. Attaché sur l’épaule gauche, il devait dévoiler le sein droit. Au niveau des jambes s’y superpose un himation, dont l’étoffe crée un repli triangulaire, accompagné d’un pan aux plis en biais. Tronquée sur le côté droit, la figure tient dans sa main gauche, une corne d’abondance qui renferme quelques fruits. Son visage est surmonté d’une chevelure coiffée en deux bandeaux séparés par une raie médiane, ramenés vers l’arrière. Une stéphané la ceint.
Cette silhouette appartient à la catégorie définie par L. Marangou, regroupant des représentations de femmes debout et drapées (MARANGOU 1976 p. 57-58). Ces figures féminines se distinguent par un long chiton, replié sous l’aisselle droite, autour duquel est enroulé un himation. Elles serrent souvent dans leur main droite une petite couronne, alors qu’elles tiennent une cornucopia dans la main gauche. Dix appliques du musée Rodin s’inscrivent dans ce corpus. Le caractère peu signifiant des attributs qui se rapportent à ces représentations n’autorise pas leur rapprochement avec un personnage mythologique. La corne d’abondance ne suffit pas à désigner la déesse de la fortune, Tychè. Cependant, les affinités existant entre la figure d’Ariane, placée à côté de Dionysos sur deux petites appliques en os conservées au musée Benaki à Athènes (18838: MARANGOU 1976, p. 34, 98, Pl. 20d ; LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 252, p. 175-176, 287, pl. 67), et au Walters Art Museum de Baltimore (71.44: RANDALL 1985, n° 168, p. 100-101), permet d’énoncer un postulat. Puisque contrairement à d’autres domaines artistiques, Ariane semble rarement sculptée sur les appliques en os égyptiennes d’époque romaine, cette figure ne pourrait-elle pas lui être associée ? (DELASSUS 2020, p. 50, fig. 2 p. 75). Ces analogies ne sont sans doute pas suffisantes pour valider cette hypothèse, mais elles mettent l’accent sur la question de l’iconographie d’Ariane sur les éléments de placage.
S’inspirant d’un schéma courant à l’époque hellénistique, ces figures se placent dans la lignée des images des reines ptolémaïques moulées sur les oenochoés en faïence, produites principalement à Alexandrie, au IIIe siècle et à la fin du IIe siècle av. J.-C. Elles en subissent l’influence ce qui concerne l’agencement du vêtement, la corne d’abondance et la couronne (THOMPSON 1973, p. 24-34). L’ajustement de l’himation, sur notre applique, renvoie au type I b des souveraines lagides, défini par D. B. Thompson (THOMPSON 1973, p. 30, pl. XXII).
La jeune femme, au canon assez allongé, est dotée d’un visage rond, aux joues pleines, avec des yeux en relief. Parmi les analogies proposées, c’est sans doute la pièce Co. 2087 du musée Rodin qui offre un schéma iconographique particulièrement proche. Néanmoins, le style plus sec sur notre relief est le signe d’une facture de moindre qualité. Le manque de volume, l’aspect graphique des plis du chiton, ainsi que la simplification de l’anatomie, sont la marque d’un travail moins achevé. Le dessin un peu stéréotypé nous engage à ne pas placer la fabrication de cette pièce avant le IVe siècle.
Comparaisons :
-Alexandrie, musée gréco-romain, 13244.
-Paris, musée du Louvre, DAE, AF 6564, AF 6578.
-Paris, musée Rodin, Co. 2072, Co. 2187.
Anépigraphe.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.