ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE OU ÉPOQUE ROMAINE > 332 AVANT J.-C. – 395 APRÈS J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 9 cm ; L. : 3,9 cm ; Pr. : 1,7 cm
Co. 1441
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE OU ÉPOQUE ROMAINE > 332 AVANT J.-C. – 395 APRÈS J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 9 cm ; L. : 3,9 cm ; Pr. : 1,7 cm
Co. 1441
L’œuvre est en mauvais état de conservation.
Le métal est oxydé et a pris une teinte noirâtre. Il manque le bras droit et les détails sont patinés. Une tache circulaire verte est visible au milieu du dos. Il pourrait s’agir du témoignage d'un ancien système de présentation. De la terre d’enfouissement est encore incrustée dans les plis de la robe.
Cette statuette représente une déesse, probablement Isis-Aphrodite, placée debout, la tête légèrement tournée vers la gauche. La figurine est aplatie, la face arrière étant concave.
De larges mèches de cheveux ondulés, séparés d’une raie centrale, entourent le visage de la déesse et recouvrent les oreilles. Les membres et la face sont grossièrement modelés : les yeux semblent avoir été laissés sans finition, aujourd'hui simplement notés par leur contour, le nez est large. La divinité est coiffée d’un diadème à trois pointes. Ce diadème, très érodé, serait peut-être à voir comme un basileion, couronne isiaque par excellence de la période hellénistique. Elle est formée d’un disque solaire encadré de deux cornes de vache lyriformes et surmonté de deux hautes plumes (Malaise 1976 ; cf. Co. 1333). Ce diadème est posé sur un long manteau, l’himation, qui capuchonne la tête, à la mode grecque, et enveloppe de ses plis le dos jusqu’aux genoux, masquant tout détail anatomique, et le bras gauche. L’avant-bras et la main gauche semblent recouverts par un pan du manteau de la déesse. Un second vêtement est visible en-dessous : un chiton, qui présente un décolleté en V et tombe jusqu’aux pieds, protégés dans des chaussures fermées dont seules les pointes émergent des plis du vêtement . L'étoffe du chiton est ornée d’une succession de zigzags verticaux, scandés de points ; ces motifs ont pu être incisés après moulage de l’œuvre.
La déesse de la figurine tient à la main droite un objet circulaire, épais, généralement identifié comme un miroir à boîte, orné d’un motif de croix et de pointillés. L’objet qu’elle tient et l’attitude de la déesse y mirant son reflet sont plus identifiables sur un exemplaire d’époque romaine du Musée du Louvre (Inv. N° Br 418, http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=10063&langue=fr). Produites dans des ateliers locaux, l’iconographie de telles figurines en alliage cuivreux s’inspiraient bien souvent de statues renommées, les mêmes types iconographiques étant également repris sur les statuettes en terre cuite. On considère souvent que l’image de la déesse se mirant serait une adaptation de l’Aphrodite pséliouméné (ce qui pourrait vouloir dire « attachant son collier » ou « son bracelet ») du célèbre sculpteur du IVème siècle Praxitèle, œuvre aujourd’hui perdue. Au Penn Museum de Philadelphie une statuette similaire provenant de Chypre est elle aussi fortement aplatie (Inv. N° MS150, https://www.penn.museum/collections/object/307436). Mais l’objet circulaire qu’y tient la déesse représenterait plutôt une vaisselle de type patère ou alors un tympanon. Il faudrait donc dans ce cas voir une figure de la déesse Cybèle et non d’une isis-Aphrodite sur la statuette de Philadelphie).
A l’époque romaine, un culte très important est rendu à Aphrodite en Égypte et en Syrie, suite notamment aux conquêtes d’Alexandre le Grand. Fille du Ciel et de la Mer selon les récits mythologiques grecs, sa sortie des eaux l’associe pour les Égyptiens aux dieux démiurges émergeant des eaux primordiales. Quant à Isis, sœur-épouse d’Osiris et déesse magicienne puissante, elle est, très tôt dans l’histoire égyptienne et particulièrement dès le Nouvel Empire, surtout célébrée comme déesse-mère par excellence. Son fils Horus est en effet issu de l’union posthume avec Osiris, démembré par son frère Seth. Isis, après avoir rassemblé toutes les parties du corps de son époux grâce à des bandelettes, se transforme en milan pour ranimer la virilité d’Osiris et procréer Horus. Ainsi, à la Basse-Époque, son culte propre gagne en puissance et la démarque peu à peu du mythe osirien et de ses aspects funéraires. Dans la dévotion populaire, elle est de plus en plus étroitement associée à Hathor, déesse-vache nourricière dont elle était déjà souvent rapprochée par le passé. Elle reprend ainsi les attributs d’Hathor, notamment les cornes de vache flanquant le disque solaire que l’on retrouve sur la couronne de la statuette Co. 214, et devient le symbole de la féminité par excellence, ce qui justifie son association avec Aphrodite après la conquête grecque. Son culte connaît un développement sans précédent à partir de la période ptolémaïque, en témoigne notamment son grand temple à Philae (Bricault 2013). Elle forme avec Osiris et Horus la triade d’Abydos et, à l’époque gréco-romaine, la triade isiaque aux côtés de Sérapis, qui a supplanté Osiris, et d’Harpocrate, l’Horus-enfant (pour plus d’informations sur ces divinités, voir les notices des statuettes Co. 687 (Harpocrate), Co. 772 (Osiris) et Co. 1230 (Sérapis) conservées au Musée Rodin).
Cette figurine, visiblement produite en série, correspond aux objets votifs apportés par les dévots ou les pèlerins dans les sanctuaires, aux derniers temps de la civilisation pharaonique. Image réelle de la divinité, la forme aplatie de cette statuette allégeait la matière, donc le poids et le coût de l’objet.
Les collections du musée Rodin conservent une œuvre tout à fait similaire, Co. 2659.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation à l’État français en 1916.