Applique de mobilier

Néréide et monstre marin

Égypte > provenance inconnue

IVe-Vesiècle ap. J.-C. ?

H. 2,3 cm ; L. 7,9 cm ; P. max. 0,3 cm

Os, côte de bœuf

Co. 2259

Commentaire

Etat de conservation

Cette pièce, à la tonalité jaune clair, correspond à la partie centrale d’une applique de forme rectangulaire. Les bords supérieur et inférieur sont cassés. Le revers présente encore quelques sédiments dans les trabécules.

Description

Le buste orienté vers la gauche, la Néréide était sans doute à demi-allongée sur le corps d’un animal hybride, adoptant une pose nonchalante. Retenant son péplos enflé par le vent, elle tourne la tête vers la droite. Ce mouvement de torsion du visage constitue un trait récurrent des représentations des divinités marines, sur les appliques de petit mobilier en os, découvertes en Égypte. Alors qu’un pan du voile est coincé par le coude droit de la jeune femme, l’autre extrémité est maintenue par son bras gauche tendu. Les courbes des membres font écho aux arc-de-cercle décris par les plis un peu mous du voile, qui entoure la tête de la nymphe. Les enroulements visibles à droite de la créature, ponctués de tachetures, indiquent la présence d’un animal aquatique, servant sans doute de monture à la naïade. Nombre de pièces offrent un schéma iconographique proche, telles l’applique 13319 du musée gréco-romain d’Alexandrie (BONACASA-CARRA 2012, p. 42, fig. 15 p. 47), ou le relief 18747 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 165 p. 116, pl. 49a).

 

Le style avec lequel a été rendue cette œuvre relève d’une approche graphique. La silhouette est cernée par une ligne ferme, mais est traitée en méplat. Les discrets effets de relief jouent sur la fluidité de la ligne plutôt que sur les niveaux de profondeur. Le visage, doté de traits assez lourds, est mis en valeur par une chevelure aux mèches ondulées, attachée sur la nuque. L’œil en relief volumineux cohabite avec une bouche aux lèvres épaisses. Le traitement assez linéaire du sujet n’est pas sans rappeler le fragment Co. 2138 du musée Rodin, bien que le style soit davantage schématique sur notre pièce. Si l’artisan demeure fidèle aux modèles iconographiques issus de l’héritage classique, son style suggestif l’en éloigne. Cette tendance s’observe de manière générale sur une série d’appliques de format rectangulaire, aux volumes peu prononcés, sans doute façonnées à partir d’os plats, qui exploitent la même image : l’applique E. 04200 du musée Royal d’Art et d’Histoire, celles insérés dans les montants de coffrets en bois, conservés de nos jours au musée Copte (STRZYGOWSKI 1904, n° 7075-7077 p. 180-181, pl. XIV), un exemplaire du Landesmuseum de Mayence (PGJ 333 : THIEL 2004, III.5.5 p. 160-161), et plusieurs plaques sculptées de la Bibliothèque Nationale de France (reg.D.3037-1, reg.D.3037-5, reg.D.3037-7 : MURET 1830-1866, pl. 20). C’est à cette typologie de pièces que devait se rattacher notre exemplaire.

 

Reflets d’une production sérielle, l’ensemble de ces placage, qui offre autant de variations autour d’un même sujet, qu’existent d’ateliers ou de main de sculpteurs, témoigne d’un travail de la matière différent, plus ou moins sensible au relief ou à la ligne, en fonction de l’épaisseur d’os compact fourni par la matrice osseuse. La justesse d’observation de l’attitude, qui voisine avec un intérêt porté à la définition des contours et un aplatissement des formes, permet d’envisager une réalisation au cours du IVe ou Ve siècle.

 

Comparaisons

-Alexandrie, musée gréco-romain, 13319 (type iconographique).

-Athènes, musée Benaki, 18747 (type iconographique).

-Paris, musée Rodin, Co. 2138.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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