Applique de mobilier

Triton tenant une coupe

Égypte > provenance inconnue

VIe siècle ap. J.-C.

H. 4 cm ; L. 7,1 cm ; P. max. 0,9 cm

Os, tibia de bœuf

Co. 2180

Commentaire

Etat de conservation

Offrant une teinte beige clair, ce fragment révèle de larges taches ocre orangé et brun, à la fois sur la face principale et le revers. La partie senestre de l’applique est perdue, et l’angle supérieur dextre est endommagé par un petit éclat. On note un léger fendillement longitudinal de la matière osseuse, notamment en partie supérieure. Les parties incisées emprisonnent encore des sédiments.

Description

Fils de Poséidon et d’Amphitrite, Triton prend place souvent anonymement au sein du cortège marin, tenant ainsi compagnie aux Néréides. Alors qu’elle semble se diriger vers la droite, la divinité aquatique fait subir un mouvement de torsion à son buste et à sa tête. Ces attitudes contrariées constituent un poncif des types iconographiques qu’offrent les membres du thiase marin. Doté d’un torse massif, à la structure musculaire solide, la figure détourne le visage vers la gauche, tout en supportant une large coupe évasée.

 

Le Triton porteur de vase, correspond à un schéma, somme toute, assez courant. Les appliques Co. 2159-Co. 2272 du musée Rodin et le fragment 22150 du musée Benaki (MARANGOU 1976 n° 172 p. 117-18, pl. 51c), en livrent une variante. Deux pièces, à la facture éloignée, proposent des points de comparaison intéressants. La première – le relief Co. 2134 du musée Rodin –, met en scène un Triton ou une Néréide, soutenant une large coupe, à hauteur du visage. Un décor provenant des fouilles archéologiques menées dans le secteur du théâtre Diana à Alexandrie, propose aussi un Triton, vu en buste, tenant une coupe similaire (RODZIEWICZ 2007, n° 18 p. 72-73, pl. 10, pl. 90-4 ; RODZIEWICZ 2016, p. 57, fig. 60 p. 65). Bien que le sujet soit inversé sur ce dernier exemple de comparaison, on retrouve le même geste du poignet cassé pour maintenir la vasque par le fond.

 

Dans notre cas, la silhouette masculine est si simplifiée et les contours sont si hésitants, qu’il est difficile de préciser le geste exact du bras gauche du Triton, et de différencier la main du reste du bras. Le visage au profil grossier est couronné d’une chevelure dont les mèches ont été notées par de vives incisions au burin. Les détails anatomiques ne sont que suggérés. Les volumes se démarquent peu du fond, et sont cernés de profondes entailles qui accentuent le relief assez plat. Cette approche synthétique et éminemment graphique de l’anatomie trouve des correspondances dans une série d’appliques du musée Rodin, souvent également façonnées à partir de tibia. Si les critères stylistiques ne sont pas totalement identiques – on ne remarque pas ici, à nouveau, l’œil en relief et les grosses mèches bouclées), le travail aux contours heurtés participe du même esprit. Aussi est-il envisageable de proposer, comme pour cet ensemble déjà mentionné, une réalisation de notre exemplaire au VIe siècle.

 

Marquage

Au dos, en partie inférieure, 36 marqué à l'encre rouge.

 

Comparaisons

-Alexandrie, fouilles du secteur du théâtre Diana, DI 96. 3563.1.4 (166) (coupe et position de la main, mais attitude inversée).

-Paris, musée Rodin, Co. 2134 (schéma iconographique mais style différent).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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