Charles Boreux (1876-1944)

 

Attaché des musées nationaux, conservateur des Antiquités égyptiennes au musée du Louvre, Charles Boreux entretient avec Auguste Rodin, son œuvre et sa collection d’antiquités égyptiennes un lien particulier.

 

Sous la direction de Georges Bénédite (1857-1926), Charles Boreux  se voit confier la réalisation du catalogue des objets égyptiens, entreprise qu’il accomplira en août puis septembre 1913, en vue de la donation à l’État. Cet inventaire répertorie plus de cinq cent quarante-sept œuvres pour la villa des Brillants de Meudon, résidence du sculpteur, et quatre cents cinquante et une à l’hôtel Biron. L’ensemble des objets est ainsi finement décrit, localisé, estimé, et parfois enrichi d’annotations ou de dessins pouvant aider à la compréhension générale de l’objet ou à son identification. Il retranscrit également certains hiéroglyphes. Toutes ces informations permettent de relier ces descriptions aux objets de la collection.

 

Au-delà des inventaires, conservés aux archives du Louvre et du musée Rodin, nous possédons un échange entre le conservateur et l’artiste[1]. Le 28 août 1913, Charles Boreux contacte Auguste Rodin. Il souhaite reprendre l’étude de la collection égyptienne et afin de faciliter sa réalisation, il demande l’aide d’une tierce personne :

 

CHARLES BOREUX

Attaché des Musées nationaux

7, rue Rosa-Bonheur

Bagnoles de l’orne

Villa Deaumont

28 Août 1913

 

Monsieur et cher Maître,

 

J’ai l’intention de reprendre la semaine prochaine l’inventaire des objets égyptiens de votre collection, et je vous serais reconnaissant de bien vouloir mettre à ma disposition, Lundi 1er Septembre à dix heures du matin, la personne qui m’aide dans ce travail, en mesurant et en numerotant les objets.

 

Veuilez agréer, Monsieur et cher Maître, les assurances de ma haute Considération

 

Charles Boreux

 

 

Le lendemain, le sculpteur lui répond :

 

 

Musée du Louvre – Département des Antiquités égyptiennes

29 août 1913

182 Rue de l’Université

 

 

Monsieur,

 

La personne qui généralement vous aide dans l’inventaire de mes objets se trouve en ce moment en vacances. Je vous prie donc de remettre notre rendez-vous au 4 septembre a dix heures du matin.

 

Avec tous mes regrets

Je vous prie de croire Monsieur à mes sentiments très distingués

 

P.S : Mon compagnon avait fait une erreur et pensait que notre rendez-vous serait seulement le 4 septembre

 

Aug Rodin

 

Cependant au-delà de ces relations de travail, lors de l’établissement des inventaires de la collection personnelle d’Auguste Rodin, les deux hommes partagent des liens plus singuliers. En effet, par son mariage avec Madeleine Peytel en 1906, Charles Boreux devient un parent de Joanny Peytel (1844-1924), collectionneur, exécuteur testamentaire et mécène du sculpteur qui finança en partie la construction du pavillon de l’Alma en 1900. Le banquier et le sculpteur ont tous deux ce même goût pour les arts du passé et semblent procéder à quelques échanges d’objets et de photographies, notamment autour de 1896.

 

Pour consulter la lettre de Charles Boreux, cliquez ici.

 


 

[1] Archives du musée Rodin, BOR. 790.