Applique de mobilier

Aphrodite accompagnée d’un Éros

Égypte > provenance inconnue

IVe siècle ap. J.-C.

[VOIR CHRONOLOGIE]

Os, humérus de bœuf

H. 13,1 cm ; L. 4,1 cm ; P. max. 2,2 cm

Co. 2164-Co. 2254-Co. 2265

Commentaire

Etat de conservation

L’applique offre une teinte ivoirine sur sa face principale, mâtinée de jaune pâle côté dextre. La couleur est légèrement plus foncée au dos. Constituée de trois fragments recollés, la pièce a perdu son côté senestre et sa partie inférieure. Elle présente des desquamations, et un important réseau de fentes et de fissures. On note de petits manques le long des cassures, précisément sur le front d’Aphrodite, son nez, sa joue droite et son bras. Une tache brune s’apparentant à une concrétion, macule la hanche de la déesse. Les trabécules, au dos, emprisonnent encore des sédiments.

Description

Tournée légèrement vers la droite, Aphrodite, est accompagnée d’une petite figure d’Éros, dont ne subsistent que le visage et les bras. Nue, à l’exception d’un himation retombant de part et d’autre du corps, elle est dotée d’un visage ovale, encadré d’une abondante chevelure, surmontée d’un diadème. Ses cheveux, répartis en deux bandeaux de mèches ondulées, tombent sur ses épaules. L’amour supporte au-dessus de la tête une corbeille, sur laquelle Aphrodite pose sa main, presque comme-ci elle s’apprêtait à choisir un fruit (DELASSUS 2020, p. 56 n. 51).

 

L’association d’Éros à la divinité, sous la forme d’une silhouette enfantine, apparaît couramment dans l’art égyptien, de l’époque hellénistique à l’Antiquité tardive. Une applique se trouvant autrefois dans la collection Grüneisen (MARANGOU 1976, p. 40 n. 193), et plusieurs fragments conservés au musée Benaki (1239, 18928, 22180 : MARANGOU 1976, p. 40, p. 110-111, pl. 39 ad, pl. 38c), montrent l’existence de scènes convoquant Aphrodite, assistée par un ou plusieurs amours. Toutefois, la comparaison la plus frappante consiste en un feuillet de diptyque d’ivoire lacunaire répertorié dans l’Antikensammlung de Berlin et attribué au Ve siècle (PLATZ-HORSTER 2018, n° 144 p. 99-100, ill. p. 242). Cette œuvre, ainsi que le fragment du musée Rodin, semblent dériver d’un modèle commun. Bien que le travail soit plus soigné sur l’objet de Berlin, Aphrodite adopte une pose similaire et arbore un visage stylistiquement proche de notre exemplaire. La figure de l’amour, par contre, se trouve rejetée sur son côté gauche. L’Éros à la courte chevelure bouclée, portant de ses bras tendus un panier rempli de fruits globulaires, se rencontre aussi sur une pièce provenant d’Antinoé, conservée aujourd’hui au Musée royal d’Art et d’Histoire de Bruxelles (E.05325 : O’CONNELL 2014, p. 420, pl. 115 p. 444).

 

Bien que le relief traduise une recherche de volume, celui n’est pas très saillant. La sculpture du haut du buste témoigne d’une maladresse certaine, notamment dans le rendu de la poitrine fortement géométrisée. Une lanière, peu compréhensible, descend de l’épaule droite vers le sein gauche, mais ne semble pas se prolonger au-delà. Les traits du visage notés avec application (yeux en relief, lèvres ourlées et entrouvertes), et la main aux doigts effilés, témoignent d’une certaine maîtrise de son art par l’artisan. Toutefois, la stylisation de la silhouette de l’amour, ou l’arc décrit autour de la tête de la déesse par l’himation, simplement incisé, sont les marques d’une facture inégale. Aussi peut-on envisager de dater cette applique du IVe siècle, voire un peu plus tardivement, si l’on s’appuie sur l’hypothèse avancée par G. Platz-Horster à propos du feuillet de diptyque de Berlin.

 

Comparaisons

-Berlin, Staatliche Museen, Antikensammlung, inv. 30894.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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