Applique de mobilier

ménade dansant

Égypte > provenance inconnue

IIe siècle ap. J.-C. ?

H. 12,4 cm ; l. 2,6 cm ; ép. max. 0,7 cm

Os, métatarse de bœuf, face postérieure

Co. 2185

Commentaire

Etat de conservation

Lacunaire en partie supérieure et inférieure, la pièce conserve ses bords latéraux sur la plus grande partie de sa hauteur. La cassure, à son sommet, a suivi la découpe du profil de la ménade. Malgré une couche de salissure superficielle, la face externe présente une couleur ivoirine, alors que le dos offre une teinte ambrée uniforme. Quelques sédiments sont visibles au revers, principalement dans la zone inférieure. On remarque quelques griffures sur la cuisse gauche de la figure. 

Description

La ménade de ce relief appartenait à un vaste décor, composé d’une série d’appliques jointives, à l’image du relief en os formé de cinq plaquettes du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre (inv. MND 1866 : MARANGOU 1976, Pl. 17a ; MICHON 1935-1937, p. 357-361, Pl.), ou ceux conservés au Staatliche Museum Ägyptischer Kunst de Münich (ÄS 5296 : MARANGOU 1976, Pl. 16c ; ESCHBACH 2014, n. 13 p. 78, Abb. 5 p. 79). La ligne des bras de la jeune femme se poursuivait donc sur les appliques qui entouraient la nôtre.

 

Emportée dans un mouvement de danse frénétique, la figure projette légèrement son buste en avant, tout en renversant violemment la tête vers l’arrière. Quoique sa pose traduise avec justesse l’ardeur qui anime les membres du thiase dionysiaque, elle n’est pas la plus fréquente sur cette typologie d’éléments de placage recouvrant sans doute des meubles de luxe. Pourtant, un parallèle intéressant peut être établi avec la ménade sculptée sur un relief en trois parties, exhumé en 2002, sur l’acropole de Pergé en Turquie (Inv. K.F1 / 44.02.6 ej : ESCHBACH 2014, p. 75-76, Abb. 2 p. 77). Orientée vers la gauche, celle-ci offre une image symétrique assez différente, qui inclut, toutefois, un basculement vers l’arrière de la tête prononcé. Si la position des bras et l’agencement du drapé diffèrent, la ligne de profil du visage est vue, comme sur notre exemplaire, presque à l’horizontale. Tel que le suggère cette comparaison, la forte inclinaison du visage s’accorde avec l’existence d’un bras droit levé tenant un tympanon. Une applique relevant des collections du département des Antiquités égyptiennes, au musée du Louvre accueille une bacchante à la tête renversée (inv. AF 6561 : QUONIAM & CHARLES-PICARD 1970, n° 240 p. 184-185). Malgré une posture plus rigide, des dissemblances dans le vêtement et l’attitude générale, nous retrouvons un buste en avant et la même expression extatique.

 

Le visage à la joue pleine est mis en valeur par une chevelure ramenée en un chignon sur la nuque. L’artisan a porté un soin tout particulier au rendu individualisé de chaque mèche de la coiffure. Un nez légèrement « en trompette » surmonte une bouche aux lèvres épaisses et un petit menton arrondi. Le rendu illusionniste de l’œil rencontre peu d’équivalent dans les appliques de la collection d’A. Rodin. (cf. applique Co. 2051). Alors que l’orbite oculaire a été creusée à l’aide d’une très fine pointe, la pupille et les paupières ont été réservés dans l’os en saillie. Une minuscule perforation marque la caroncule et crée une zone d’ombre faisant ressortir la pupille, donnant au regard une vivacité particulière. Un cou très allongé relie ce visage finement travaillé à un corps longiligne, dissimulé par un chiton ceinturé sous la poitrine. L’étoffe soulignant par transparence l’anatomie, en particulier le buste et le ventre, est affectée de larges plis aux sillons profonds, au niveau des jambes.

 

En dépit d’une faible épaisseur de tissu compact impliquant un relief assez plat, le sculpteur a fait montre d’un certain talent pour doter sa figure d’une réelle plasticité. Il a su rendre, par la souplesse de la pose et du vêtement, l’élan de la ménade, tandis, que les détails anatomiques du visage et de la chevelure ont été traités avec beaucoup de méticulosité. Ces multiples critères semblent ancrer la production de cette pièce de qualité au IIe siècle, bien qu’il faille conserver la plus grande prudence quant à cette proposition qui ne repose que sur des éléments d’ordre stylistique.

 

Comparaisons :

-Paris, musée du Louvre, DAE, inv. AF 6561.

-Pergé, fouilles de l’acropole, mission archéologique de 2002 de l’Institut archéologique allemand (Deutsches Archäologisches Institut), inv. K.F1/44.02.6 a–l (attitude en miroir).

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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