Ménade poursuivie par un satyre

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 4,9 cm ; l. 4,7 cm ; ép. max 0,7 cm

Os, scapula de bœuf

Co. 2174

Commentaire

Etat de conservation

La partie inférieure senestre de l’applique est brisée, ce qui a entrainé la perte des jambes du personnage de droite. En outre, un éclat endommage l’angle supérieur dextre. La pièce a sans doute été fragilisée par une large perforation circulaire ménagée au deux-tiers de sa hauteur, à la jonction des deux figures. Des traces de rouille subsistent autour de cette perforation, indiquant que l’applique a dû être fixée sur l’âme de bois du meuble qu’elle décorait à une période donnée, à l’aide d’une fiche en métal. Au dos, les trabécules conservent quelques sédiments. La teinte de l’os tire sur le gris et prend des accents jaunâtres au revers, notamment sur la partie dextre.

Description

Cette applique de petite taille au dessin trapézoïdal met en scène un satyre poursuivant vers la droite une ménade (GARNIER 2022, p. 77, fig. 4). Il accompagne sa course de son bras levé, tandis que son buste penché vers l’avant, frôle l’étoffe du chiton de sa compagne, soulevée par le mouvement. Le corps de la bacchante, dont la fluidité du drapé révèle l’anatomie, est étonnamment interrompu au niveau du buste et du coude du bras gauche. Le reste de la silhouette devait être sculpté sur une autre plaquette. La rareté de ce type de découpe sur les éléments de placage de petites dimensions, généralement dévolus à un seul personnage, mérite d’être soulignée.

 

L’artisan semble avoir réservé les deux figures dans la matrice osseuse, tout comme la bordure qui vise à les mettre en valeur et à en accentuer les volumes. L’insistance sur la main levée du satyre, qui déborde sur le cadre, révèle un jeu sur la profondeur. Malgré un style vif, cette scène au rythme enlevé présente un certain nombre de maladresses : la pose peu naturelle du satyre, l’hypertrophie du pouce de sa main droite, l’horizontalité de la jambe gauche de la ménade qui se confond avec les plis du drapé. La rapidité d’exécution se lit tout à la fois dans les corps aux contours hésitants, les visages à l’anatomie simplifiée et l’arrière-plan non poli. Le chiton de la ménade, emporté par l’élan de celle-ci, rappelle par l’agencement de ses plis aux souples retombées, celui de la figure centrale d’un relief conservé au British Museum (1327,0318.4). Une seconde pièce, peut être rapprochée de notre applique, en raison de son iconographie fondée sur le rapprochement d’un satyre et d’une ménade sur un même élément de mobilier (Musée gréco-romain d’Alexandrie, 13340 : BONACASA-CARRA 1995, p. 281, pl. XXXV-6). Toutefois, la pertinence de cette analogie s’avère relative, compte tenu de son style assez éloigné de notre applique.


 

La taille réduite de cette pièce lui accorde une place à part dans la série des petites appliques consacrées aux figures de ménades et de satyres. Sa singularité réside aussi dans le fait que seule une autre pièce dans la collection d’A. Rodin associe un satyre et une ménade (Co. 2187), mais en souscrivant à un style beaucoup rudimentaire. En dépit de quelques détails sculptés à la hâte, ce spécimen se démarque par une certaine finesse dans le rendu du visage de la ménade à la pose extatique, une justesse des attitudes et un véritable dynamisme insufflé aux silhouettes. Ces différents critères stylistiques nous conduisent à envisager, de manière très prudente, une réalisation au cours du IVe-Ve siècle.

 

Comparaisons

-Alexandrie, musée gréco-romain, 13340 (thème illustré).

-Londres, British Museum, 1327,0318.4 (chiton de la ménade).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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