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Jarre blue-painted

Égypte ?
Fin XVIIIe dynastie – mi XIXe dynastie
H. 28 cm ; L. 18 cm ; D. ouverture 13,5 cm
Terre cuite peinte
Co. 3578
 

Commentaire

Etat de conservation

La jarre est quasiment intacte, hormis le bord ébréché. En dépit de l’altération de la surface, un décor constitué d'une polychromie blanche ivoire, noire, rouge et bleue est partiellement conservé. La base est usée, témoignant de son ancienne position sur un support de jarre
 

Description

Cette jarre ovoïde possède un col court au profil convexe et une base arrondie qui se termine en pointe. Elle a été réalisée en argile limoneuse (B2, selon la classification du Système de Vienne). Un engobe blanc ivoire recouvrait à l’origine la totalité de la paroi externe de la jarre ainsi que la paroi interne de son bord. Sur cet engobe, et en d’une dépit d’une altération de la surface, on distingue encore une succession de bandes beiges et de frises peintes sur fond bleu. 
 
Les céramiques peintes en bleu (appelées plus généralement blue-painted) font partie des récipients égyptiens les plus élaborés de l’époque pharaonique. Elles apparaissent à la XVIIIe dynastie, à partir du règne de d’Aménophis II, et sont produites jusqu’au début de la XXe dynastie, sous le règne de Ramsès IV. Poteries peintes principalement en bleu, leur décor est complété par du rouge et du noir. Les décorations sont variées, avec des motifs floraux et fauniques, mais aussi des figurations de divinités comme Bès, Hathor, ou encore Renenoutet. Ces décorations évoquent la fertilité de l’environnement naturel, mais aussi le rôle protecteur des divinités représentées. Attestées par de nombreux spécimens et tessons, ces productions proviennent essentiellement de centres palatiaux (Gourob, Amarna, Memphis ou Pi-Ramsès), mais aussi – à partir de la XIXe dynastie – des centres administratifs (Assiout, Abydos et Éléphantine). On en identifie aussi en dehors de la vallée du Nil, notamment à Umm el-Rakham, près de la frontière libyenne, ou sur les sites syro-palestiniens comme Hazor. Cette diffusion importante témoigne de l’implication de ces récipients dans les relations diplomatiques et commerciales. À Hazor, on remarque même une production locale de ce type de céramique, signalant que l’engouement ne se limitait pas aux égyptiens (NATAF 2014, p. 26, fig. 3).
 
Dans la vallée du Nil, les pates employées pour produire des blue-painted sont des terres marneuses/calcaires (« Marl »), qui proviennent des franges désertiques, ou des argiles limoneuses (« Nile »), qui sont prélevées directement sur les berges du fleuve. Un changement progressif s’opère dans l’usage de ces terres. L’argile marneuse est largement employée pour les blue-painted au début de la période, jusqu’au règne de Thoutmosis IV. Puis, à partir d’Aménophis III, on remarque un passage à l’usage de l’argile limoneuse pour ce type de production. Les céramiques sont toutes peintes avant leur cuisson. Le pigment bleu est réalisé à partir de cobalt aluminate, tandis que le noir est obtenu à partir de manganèse et d’ocre rouge.
 
Ces poteries étaient destinées au stockage et à la présentation d’aliments et les archéologues les ont découvertes dans de nombreux contextes. À Abydos, Éléphantine ou encore à Karnak-nord, elles proviennent de zones cultuelles, des temples et des nécropoles, tandis qu’à Malqata ces vases sont associés au jubilé d’Aménophis III. L’hypothèse d’un rôle joué par ces récipients dans le cadre d’un culte est renforcée par les figurations de divinités, et d’animaux présumés sacrés, sur certaines d’entre elles. Mais ces récipients peints apparaissent aussi plus simplement dans des contextes domestiques, au sein desquels de telles céramiques devaient être appréciées pour leur esthétique et le raffinement de leur décor. 
 
Le type de la jarre Co. 3578, conservée au musée Rodin, apparaît à la fin de la XVIIIe dynastie à Amarna (ROSE 2007, p. 84, 222, SF4, n° 324). D’autres spécimens ont été découverts sur d’autres sites égyptiens, comme dans l’habitat de Kom el-Rabia (Memphis) dans des niveaux datés entre le début et mi-XIXe dynastie (HOPE 2016, p. 63, n° 12959, 12984 et 12986 ; BOURRIAU 2010, p. 276, fig. 65, 10.4.20) ou encore dans la tombe de Tombe Maya et Merit (ASTON 2011, p. 29, n°43[88-280], 44[88-347] et 45[88-676]). Plusieurs vases similaires sont aussi conservés dans les musées européens, comme l’objet Louvre N882 3 ou le Louvre N882 6,  ou encore la jarre datée de la XVIIIe dynastie provenant des fouilles de Gourob et achetée au début du XXe siècle conservée à Bruxelles (Musée Art & Histoire Inv. N° E.0644). Tous ces exemplaires ont été réalisés en argile limoneuse issues des berges du Nil (Nile B2, selon la classification du Système de Vienne).
 
Contrairement aux productions de la première partie de la XVIIIe dynastie, qui possèdent de très riches décorations graphiques, les céramiques datées de la période amarnienne et post-amarnienne sont essentiellement ornées d’éléments stylisés, de pétales disposés en lignes verticales et de croissants horizontaux. À cette époque, la polychromie des vases est appliquée avant cuisson et selon 4 étapes. Dans un premier temps, de la peinture de couleur crème est appliquée comme fond sur laquelle des lignes noires horizontales et des pétales sont tracées. Ensuite, de larges bandes bleues horizontales sont apposées sur les décorations noires. Enfin, des lignes horizontales rouges et des points sont ajoutés. À partir de la XIXe dynastie, cette simplification dans l’exécution des décors va rendre leur production accessible à une plus grande variété d’artisans. 
 
Les jarres Co. 3578 et Co. 6437 conservées au musée Rodin témoignent de cette période charnière, celle d’une plus grande diffusion des céramiques de type blue-painted au sein d’une population aisée. Cependant, si on les compare aux autres types de céramiques, les spécimens de vases blue-painted demeurent rares.
 

 

Œuvres associées

Co. 6437

Inscription

Anépigraphe

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation Rodin à l’État français en 1916.

 

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