ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe – XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 8 cm ; D. : 2,8 cm
Co. 1980
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe – XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 8 cm ; D. : 2,8 cm
Co. 1980
L’œuvre présente un mauvais état de conservation.
Complet à l’exception de l’anse, le récipient est percé plusieurs fois sur la panse, au niveau de l’image féminine. Le métal est oxydé, les détails des scènes figurées sont patinés.
L’œuvre Co. 1980 est une situle, du latin situla, « petit seau », type de vase dont le plus ancien exemplaire connu à ce jour date de la XIIe dynastie (CORTEGGIANI Jean-Pierre, L’Égypte ancienne et ses dieux : dictionnaire illustré, Paris, 2007, p. 507-508). Servant d’abord à contenir du lait destiné à nourrir les défunts dans leur vie dans l’Au-delà, la situle voit son usage se diversifier à la Basse-Époque. Liée au départ uniquement aux rituels funéraires et déposée dans les tombes, elle accueille par la suite aussi bien de l’eau que des libations utilisées dans le service religieux et funéraire.
De forme longue et étroite, la base de Co. 1980 se finit en pointe, parfois interprétée comme un tenon (cf. LICHTHEIM Miriam, « Situla No. 11395 and Some Remarks on Egyptian Situlae », JNES 6, 1947, p. 169-179). Panse resserrée vers le haut, son col est marqué par un léger évasement. Un bourrelet extérieur constitue la lèvre. Deux anneaux s’en dégagent. Destinés à accueillir une anse, leur partie supérieure s’achève en pointe, pour assurer très vraisemblablement une meilleure accroche (voir la situle du British Museum 116126. Disparue aujourd’hui, l’anse était très vraisemblablement confectionnée dans alliage similaire à celui du vase (voir la situle du Musée du Louvre E3841.
Le corps du vase présente un décor plus original. L’image d’une divinité anthropomorphe, très patinée, occupe le centre de deux tableaux encadrés. Dans l’un des tableaux, une figure masculine, couronnée d’une coiffe basse rectangulaire de type mortier, est vêtue d’un pagne long. L’attitude du personnage, qui est selon toute vraisemblance un dieu, est difficile à restituer. Penché légèrement vers l’avant, il étire ses bras disproportionnés en direction d’un objet posé sur le sol. Son attitude est à comparer à celle du personnage masculin figuré sur la situle proche-orientale du British Museum 116188 (côté droit). La figure féminine de l’autre tableau, placée debout sur un piédestal arrondi, se tient droite, les jambes serrées. Élancée, le bas-ventre renflé, elle est habillée d’une longe robe moulante et coiffée d’une perruque s’arrêtant au milieu du dos. Bras pliés en angle droit devant elle, ses mains tiennent un long sceptre retombant jusqu’au sol.
Enfin, sous le bourrelet inférieur, un décor de petits triangles a été figuré. Une comparaison avec une grande situle du Musée royal de Mariemont (B.500, cf. DERRIKS Claire, in Cl. DERRIKS, L. DELVAUX (éd.), Antiquités égyptiennes au Musée Royal de Mariemont, Morlanwelz, 2009, p. 206-209), à la panse allongée richement décorée et dont l’extrémité est en forme de lotus, permet de restituer que le décor de la partie inférieure de la petite situle du musée Rodin suit le même motif, mais en plus schématisé. Il est fréquent de voir cet ornement finir la panse d’une situle, pour l’exemple voir les œuvres conservées au Metropolitan Museum of Art 58.76.5, 04.2.356, ou encore 04.2.357. Ces triangles seraient une représentation simplifiée de l’espace séparant des pétales de lotus, comme c’est le cas sur le vase du Kunst Historisches Museum de Vienne, n° 482. Le fond de la situle du Musée Rodin présente une excroissance courbe, qui peut être vue comme une goutte de liquide, voire un téton d’allaitement ou, dans le cas de la Co. 1980, l’amorce d’une tige (cf. GOMBERT-MEURICE Florence, in Fl. GOMBERT-MEURICE, Fr. PAYRAUDEAU (dir.), Servir les dieux d’Égypte. Divines adoratrices, chanteuses et prêtres d’Amon à Thèbes, Catalogue d’exposition, Musée de Grenoble, 25 octobre 2018 - 27 janvier 2019, Paris, 2018, p. 316, cat. 148).
Ce type de vase liturgique est très fréquemment décoré. En effet, on y retrouve généralement des processions de dieux ainsi que des inscriptions funéraires. Voir par exemple la situle conservée au Musée du Louvre N908A, bien que certaines soient également dénuées de toute ornementation, notamment l’œuvre 5221 du Musée d’archéologie de Marseille. Avec Co. 1980, aucune inscription ne figure. Son attribution à un particulier, probablement prêtre ou prêtresse, reste donc à définir.
De nombreux exemples complètent les collections des musées, les situles ayant été retrouvées en grande quantité. On en compte 337 mises au jour dans les nécropoles animales de Saqqara (cf. ibid., p. 316, note 3).
Si la petite taille de la situle du Musée Rodin suggère un usage votif, à destination d’offrande, sa datation est plus difficile à affirmer. Il semble probable de proposer une réalisation des époques tardives.
Aucune autre œuvre dans les collections du musée Rodin n’est similaire à Co. 1980.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation à l’État français en 1916.