Verrou décoré d'une tête de lion

égypte > provenance inconnue

époque à déterminer

bronze (alliage cuivreux)

h. : 6,9 cm ; l. : 7,4 cm ; p. : 8,7 cm

co. 5783

Commentaire

Etat de conservation

L'oeuvre est en très mauvais état de conservation. 

Le métal est très oxydé et abîmé. Le cube s’effrite sous les doigts et les détails de la face de lion sont patinés. Le verrou a perdu sa forme rigoureusement cubique.

 

La surface noire, fissurée et soulevée est caractéristique de bronze exposé au feu (incendie). Elle garde des traces de terre d’enfouissement sablonneuse et ocre rouge qui dans le futur pourront donner des informations sur le contexte de découverte. Des chlorures sont visibles sur l’œuvre, une partie de la paroi de l’arrière est entièrement rongée par ceux-ci. 

Description

L’objet consiste en un verrou fermé d’une douille carrée terminée par un masque de lion en haut relief. Le verrou a une forme approximativement cubique. La crinière est légèrement en saillie (les détails sont illisibles) alors que le visage est en haut relief. Les traits respectent les proportions naturelles de l’animal. Les grands yeux ouverts sont surmontés d’arcades sourcilières marquées qui se prolongent sur le large nez. La gueule est grande et presque souriante. Un anneau aujourd’hui bouché par l’oxydation du métal vient terminer la tête sous le menton. À l’origine, l’œuvre devait être de bonne qualité.

 

Le lion est associé à l’imagerie royale. À partir du règne de Ramsès II, un lion accompagne souvent le roi lors des scènes de bataille ou de chasse, toutes deux symboles de la puissance royale. La représentation du lion, moins fréquente que celle de la lionne, se retrouve cependant dans les détails architecturés des temples en tant que gargouille ou verrou. Le lion est ainsi chargé de protéger les espaces sacrés en évacuant d’une part les eaux de pluies qui sont les manifestations de Seth, et d’autre part, en préservant le sanctuaire d’attaques maléfiques.

Ici, il s'agit d'un verrou et non d'une gargouille, il fonctionnait ainsi à la manière d'une targuette et était logé à l'intérieur d'une cavité ménagée dans le montant de la porte. Lorsque le battant était poussé et plaqué contre le chambranle, on tirait le verrou qui reposait sur une attache fixée au vantail de bois. La porte était alors bloquée d'un côté par le chambranle contre lequel elle s'appuyait et de l'autre par le verrou. Ce système de fermeture condamnait l'accès aux salles du temple de l'intérieur, mais pas de l'extérieur. Le lion, animal féroce, joue ici un rôle protecteur en empêchant les forces maléfiques de prénétrer dans les salles au moment ou l'officiant les ouvrait.  

Les verrous pouvaient être en bronze, en bois ou en pierre. Ils étaient destinés à des portes à un seul vantail. 

 

Les verrous en bronze sont des éléments de l’architecture égyptienne connus, en revanche, on ne recense que peu d’exemples exposés dans les musées.

Au British Museum : EA 16038, EA 25297 et EA 54391.

Au Musée du Louvre : E 11572 et N 885 A.

Au Musée du Caire : JE 48887, JE 37765, JE 49066, JE 49068 et JE 49069. 

Œuvres associées

Le musée Rodin conserve un autre élément de verrou en bronze. En forme de scarabée, sa longueur est d'environ 7 cm (Inv. N° Co. 2415). 

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 250, "Extrémité de verrou, formée d'une douille carrée, terminée par un masque de lion. Bronze. Dimensions de la douille. 7 cent x 6 cent. 1/2. Estimé trente francs."

Donation Rodin à l'État français 1916.

Commentaire historique

Ce verrou avait été choisi par Rodin et Léonce Bénédite pour être exposé à l’hôtel Biron, dans la préfiguration du futur musée.

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