Figure d’homme nu

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

IVe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 7,5 cm ; L. 2,8 cm ; P. 0,65 cm

Os, métacarpe gauche de bovidé, face postérieure

Co. 2245

Commentaire

Etat de conservation

Ce fragment constitue l’angle supérieur droit d’une applique de plus grande dimension. Le revers est entièrement couvert de stigmates de radicelles et présente un léger délitage de la surface. Des fentes longitudinales s’observent sur les faces externe et interne. Les cassures ont engendré la perte du visage, du bras droit et des jambes à partir des genoux. La ligne de cassure épouse les contours du côté droit, de la hanche et de la cuisse droite du personnage. La vascularisation de l’os est légèrement visible sur le côté senestre de l’applique, en particulier sur l’attribut que tient la figure.

Description

En appui sur la jambe gauche, la figure masculine adopte une posture hanchée, le torse fortement déversé vers la droite. La nudité du personnage, ainsi que les contours sinueux de son corps, concordent avec les caractéristiques iconographiques immédiatement reconnaissables de Dionysos, sculpté selon le schéma de l’Apollon Lycien. Une mèche ondulée incisée sur l’épaule droite pourrait conforter cette hypothèse. Ces indices s’avèrent, cependant, assez minces pour assurer l’identification.

 

Le contrapposto assez prononcé du personnage est similaire à celui qu’on peut noter sur la plupart des appliques consacrées à la représentation de Dionysos, mais au sein de ce groupe, les figures en appui sur le pied gauche sont en faible nombre. L’inclinaison ou le léger rejet du buste vers l’arrière reflète une bonne compréhension de l’attitude du corps humain dans ce cas précis. On retrouve cette même interprétation sur un fragment du musée gréco-romain d’Alexandrie (16620) aujourd’hui exposé au musée des Antiquités de la Bibliotheca Alexandrina (BAAM 0368). Ceci signifie que notre figure, en déséquilibre, devait trouver un soutien du côté droit.

 

La divinité sculptée ne semble pas souscrire au schéma le plus courant. Elle ne décrit pas un arc-de-cercle avec son bras autour de la tête, dans une posture d’abandon, mais paraît tenir un attribut. Celui-ci pourrait correspondre à une corne d’abondance dont l’extrémité évasée coïnciderait avec la bordure supérieure. Le bras gauche et la main qui retenaient cet attribut ne sont en revanche pas discernables. Ce type iconographique est connu par quelques appliques : la pièce conservée à Alexandrie déjà citée malgré le fait que la cornucopia ne soit pas véritablement bien identifiable, une applique du musée Benaki à la plasticité très affirmée (18918 : MARANGOU 1976, p. 87, n° 2, pl. 2b), une seconde au Museum of Fine Arts de Boston (57699). Un relief sculpté conservé autrefois à Berlin propose une vue complète qui permet d’imaginer ce à quoi pouvait ressembler la figure de notre plaquette (I. 3751 : WULFF 1909, p. 114, n° 398, pl. XVII). Il offre une représentation de Dionysos en appui sur la jambe gauche, soutenu par un support à droite, alors qu’il tient dans sa main gauche une courte corne d’abondance. La simplification des formes le rapproche davantage de notre fragment que les autres analogies.

 

La musculature des pectoraux, en légère saillie, ainsi que le sternum, sont discrètement mis en valeur par un travail au ciseau. L’artisan a précisé par des enlèvements de matière plus marqués la présence des côtes et des hanches. Le nombril, qui surmonte le pubis délimité par deux incisions, n’est suggéré que par un enfoncement. Ce style allusif n’est pas sans rappeler celui de certaines appliques rectangulaires de petites taille datées du Ve-VIe siècle par A. Loberdou-Tsigarida (18802, musée Benaki : LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 270, n° 138, pl. 41). Toutefois, le rendu anatomique est quelque peu moins schématique sur notre pièce. Une réalisation au cours du IVe siècle serait possible étant donné ces éléments de comparaison, malgré tout très ténus.

 

Par ses dimensions et sa relative planéité, cette pièce se rapproche de l’applique Co. 2077 du musée Rodin. Elle ne devait pas excéder 10 cm de hauteur. Le dieu offre, par contre, un corps plus souple et plus svelte que sur la comparaison citée. Cette plaquette appartient donc à une catégorie assez peu représentée d’appliques, se démarquant des grandes pièces souvent convexes dont la hauteur se situait entre 14 et 18 cm, et des petites appliques quadrangulaires très plates, longues d’environ 6 à 7 cm (pour des exemples, consulter LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 269, n° 128-130, pl. 38-39).

 

Comparaisons 

-Alexandrie, musée des Antiquités de la Bibliotheca Alexandrina, BAAM 0368 (anciennement au musée gréco-romain, 16620)

-Berlin, anciennement aux Staatliche Museen, I. 3751.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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