Égypte > provenance inconnue
Seconde moitié du VIIe siècle - VIIIe siècle ap. J.-C.
H. 9,1 cm ; l. 2,9 cm ; P. max. 1,5 cm
Os, tibia de bœuf
Co. 2047
Égypte > provenance inconnue
Seconde moitié du VIIe siècle - VIIIe siècle ap. J.-C.
H. 9,1 cm ; l. 2,9 cm ; P. max. 1,5 cm
Os, tibia de bœuf
Co. 2047
La figurine est conservée presque dans son intégralité. La teinte ivoirine, très claire, sur la face, devient légèrement beige au revers. Les faces internes des bords semblent être endommagées par des manques. Une fissure longitudinale court sur la jambe droite. La cavité médullaire, au revers, conserve des dépôts bruns, au niveau de la tête.
La figurine offre une vision schématique et très stylisée du corps féminin. L’anatomie a été fortement géométrisée. Contrairement à l’exemplaire Co. 2046 qui témoignait d’un réel souci de tridimensionnalité, cette poupée révèle une approche avant tout graphique. Le sommet de la tête est scié horizontalement, et il est fort probable qu’il était couvert originellement de cheveux rapportés, à l’instar de la statuette du Museum of Fine Arts de Boston (04.1949: RODZIEWICZ 2012, fig. 6.2 p. 346). Du visage large et aplati ne se détache que le nez saillant. Deux petites oreilles rectangulaires constituent des décrochements au niveau des contours du visage. Les sourcils et les yeux, à la forme en amande ou en losange, ont été profondément incisés. La pupille a été perforée pour donner plus d’acuité au regard, comme sur de nombreux exemplaires. Le cou est souligné par une moulure qui matérialise sans doute la présence d’un collier. Les bras aux épaules carrées sont placés le long du corps. De taille très réduite, ils ne sont séparés du buste que par deux incisions obliques. Si les lignes croisées sur la poitrine font référence à un élément de parure, le triangle qui leur répond, sous la taille soulignée par deux moulures, indique le pubis. Les jambes massives et légèrement galbées ne sont individualisées que très bas. Les pieds sont réduites à deux petits appendices.
Le modèle de cette poupée se rencontre fréquemment, avec des variantes, dans de nombreuses collections muséales : la Ny Carlsberg Glyptothek de Copenhague (AE. I. N. 866 : MOGENSEN 1930, A. 631 p. 80), le musée du Louvre (OA 6015.9), le British Museum (1890,0425.1). Il a été également mis au jour sur le site d’Istabl ‘Antar en Égypte (RODZIEWICZ 2012, 10263-1, n° 300 p. 187-188, pl. 47 p. 397, pl. 104-1 ; 9025-1, n° 304 p. 188, pl. 48 p. 398, pl. 104-4). Il appartient au type 1 du groupe 1 défini par E. Rodziewicz à partir du mobilier découvert sur ce site. D’autres spécimens ont été découverts en Palestine (SHATIL 2016, p. 305, pl. 2-5, p. 299).
Attribuées longtemps à l’époque copto-byzantine, ces poupées correspondent à des productions du début de l’époque islamique. Des figurines en os, provenant de Mésopotamie ou du monde iranien, semblent constituer les sources d’inspiration de ces statuettes (CAUBET & GABORIT 2004, p. 83-87), qui n’entretiennent pas de lien évident avec les poupées d’époque romaine ou byzantine. Ces jouets ont majoritairement été retrouvés en contexte domestique, mais quelques rares exemplaires ont été exhumées de sépultures, tel celui disposé à l’intérieur du cercueil d’une fillette de la nécropole d’Umm-l-Breigât à Tebtynis, dans le Fayoum (GALLAZZI & HADJI-MINAGLOU p. 402-403, fig. 26). Des contextes bien étayés ont fourni des dates pour l’exécution de ces figurines sur le site d’Istabl ‘Antar (RODZIEWICZ 2012 p. 187-188, 190), et nous permettent d’envisager une production de la pièce du musée Rodin dans la première moitié du VIIe siècle, ou au cours du VIIIe siècle.
Comparaisons :
-Budapest, Musée des Beaux-Arts, 84.183A (TÖRÖK 2005, n° 177 p. 245)
. -Boston, Museum of Fine Arts, 04.1949 (Akhmîm).
-Copenhague, Ny Carlsberg Glypothek, AE. I. N. 866.
-Le Caire, fouilles archéologiques d’Istabl ‘Antar (RODZIEWICZ 2012 n° 300 : variante).
-Le Caire, anciennement au musée égyptien (STRZYGOWSKI 1904, n° 8869 p. 201, pl. XVIII : variante avec yeux non perforés).
-Londres, British Museum, 1890,0425.1.
-Paris, musée du Louvre, DAI, OA 6015.9.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.