Égypte > provenance inconnue
Ve – début du VIe siècle ap. J.-C.
H. 3,2 cm ; L. 12,5 cm ; P. max. 0,7 cm
Os, métacarpe de bœuf, face antérieure
Co. 5603
Égypte > provenance inconnue
Ve – début du VIe siècle ap. J.-C.
H. 3,2 cm ; L. 12,5 cm ; P. max. 0,7 cm
Os, métacarpe de bœuf, face antérieure
Co. 5603
Bien que conservée dans son entièreté, l’applique est endommagée par un long éclat sur son bord inférieur. Elle offre une teinte ivoirine assez claire, malgré la présence de sédiments dans les creux. V. Picur a aussi noté les restes, dans les zones incisées, d’une couche blanche non liée, et d’ocre non lié, dans les parties entaillées au burin du visage de la Néréide. On note de petites taches verdâtre au dos.
Fréquemment escortées par des Tritons au sein du thiase marin, les Néréides, originellement au nombre de cinquante, peuplent le fond de l’océan ou nagent à la surface de flots. Le thème du couple de divinités marines, vu en buste, constitue un schéma iconographique très répandu sur les appliques en os de l’Égypte tardo-antique. Les corps tronqués des personnages se poursuivaient sans doute sur une applique placée en-dessous de la nôtre.
S’ébattant vers la gauche, en direction du Triton, la naïade tourne la tête dans le sens opposé. Elle retient de son bras droit tendu, son voile que gonfle la brise marine. L’étoffe creusée de plis, forme une large ellipse derrière la tête de la jeune femme. Le pan qu’agrippe sa main, s’enroule en une volute, sous l’effet du vent. Le Triton, dont seul le haut du buste émerge de l’onde, regarde la Néréide, et tient dans sa main gauche une hampe suggérant un gouvernail. L’association des deux personnages issus du cortège marin se retrouve à l’identique, à quelques détails près, sur deux appliques : la pièce 22098 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 168 p. 117, pl. 49d ; LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 329 p. 299, pl. 87), et le relief 13321 du musée gréco-romain d’Alexandrie (BONACASA-CARRA 2012 p. 37, 42, fig. 16 p. 47).
L’attitude contrariée de la jeune femme, au bras droit étiré, renvoie à celle observée sur deux autres appliques du musée Rodin, également façonnées dans des métacarpes de bœuf : Co. 2154 et Co. 2210. Toutefois, le Triton n’effectue pas un mouvement contraire ici, mais semble accompagner la créature féminine. Celle-ci présente un corps qui se caractérise par des formes lourdes, et un visage réduit à sa plus simple expression, surmonté d’une chevelure aux mèches grossièrement incisées. Le Triton arbore une coiffure similaire et répond à la même stylisation. Bien que les volumes soient cernées de lignes entaillées dans la matière, ils se détachent peu du fond et s’y confondent parfois, notamment en ce qui concerne le buste du Triton.
L’approche synthétique des corps jointe à un manque d’attention portée aux traits faciaux traduit une nette distance prise par rapport aux modèles classiques. On retrouve une esthétique voisine sur les deux pièces de comparaison d’Athènes et d’Alexandrie citées plus haut. Les yeux sont indiqués par de petites incisions qui participent à l’aspect graphique de l’ensemble. Compte tenu de ces critères stylistiques et de la datation proposée par A. Loverdou-Tsigarida pour l’applique 22098 du musée Benaki, une réalisation au cours du Ve siècle ou au début du VIe siècle est envisageable.
Comparaisons
-Alexandrie, musée gréco-romain, 13310 (contrepartie), 13321 (modèle identique).
-Athènes, musée Benaki, 18762 (attitude de la Néréide), 22098 schéma iconographique complet).
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.