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Ménade au tympanon

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

IIIe siècle ap. J.-C. ?

H. 8 cm ; l. 4,6 cm ; P. max. 1 cm

Os, humérus de bœuf

Co. 2091

Commentaire

Etat de conservation

Incomplète, la pièce est brisée sur son côté dextre et en partie inférieure. Par conséquent, la ménade est mutilée au niveau des jambes. De couleur crème sur la face externe, l’élément de placage offre des zones matinées d’ocre orangé au revers. De petites taches ocre rouge parsèment la face principale (joue, ventre, cuisse droite de la figure et drapé), comme le revers. Elles prennent la forme de concrétions plus épaisses sur le bras droit de la jeune femme. Les sédiments qui subsistent au dos contiennent de petites particules blanches.

Description

Le vêtement, qui glisse des épaules de la ménade, dévoile l’intégralité de son corps. Dansant vers la gauche, cette dernière tourne la tête dans la direction opposée, imprimant à son cou un mouvement violent. Ce changement d’orientation soudain traduit à merveille l’exaltation qui s’empare des membres du cortège dionysiaque. Cette expressivité du corps apparaît d’ailleurs de façon récurrente sur les appliques en os, puis qu’on répertorie au sein de la collection du musée Rodin, plus d’une dizaine de pièces qui accueillent le schéma iconographique composé d’une bacchante évoluant vers la gauche, rejetant la tête vers l’arrière.

 

À l’image des exemplaires Co. 2103, Co. 2113, Co. 2117, Co. 2184, et Co. 2191 du musée Rodin, la suivante du dieu de l’ivresse et de la fête, brandit un tympanon de son bras gauche, alors qu’elle retient un pan de son chiton de la main droite. L’instrument de musique, à l’ovale bien dessiné, ne surmonte pas directement l’épaule, comme que sur les fragments Co. 2103, Co. 2113, et Co. 2117, mais jouxte la chevelure, levé assez haut, à l’instar de celui brandi par la ménade sur la pièce Co. 2184. Une applique appartenant au Rijksmuseum van Oudheden de Leyde (F 1956.12.4) livre une version inversée de notre modèle.

 

Analogue sur le plan iconographique au fragment Co. 2103, notre pièce s’en écarte sur le plan stylistique. Offrant un hanchement beaucoup plus prononcé, la ménade présente des proportions plus ramassées. Pourvue d’une poitrine généreuse et d’un large bassin, elle n’en témoigne pas moins d’une facture de qualité jouant volontiers sur la plasticité des formes. Le corps robuste, à l’anatomie un peu lourde, affiche néanmoins une souplesse perceptible dans la ligne sinueuse des hanches. La poitrine rebondie aux volumes circulaires illustre de façon éloquente l’accent porté sur les volumes par l’artisan ; elle n’est d’ailleurs pas sans rappeler une pièce du musée Benaki (inv. 18890 : MARANGOU 1976, n° 88 p. 102-103, pl. 28b), un fragment conservé au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre (AF 6577), ou encore une applique mise au jour à Alexandrie (DI 95. Sect.2. 2026.1.9 (43) : RODZIEWICZ 2007, n° 9 p. 67, pl. 6, n° 2 pl. 87).

 

Le sculpteur a su jouer de la superposition des plans, notamment dans les détails des doigts s’enfonçant dans la peau tendue du tambourin, ou les mèches de cheveux tirées vers l’arrière, recouvrant en partie ce même instrument. La gradation du relief entre le corps au modelé accusé, et le drapé aux plis variés, rend compte de cette maîtrise du rendu de l’espace et de la profondeur. Le visage, assez volumineux et fortement incliné, montre un profil qui se découpe avec vigueur sur l’arrière-plan. Un nez long et fort surmonte une bouche aux lèvres charnues, tandis que l’œil est dessiné en légère saillie. Au-dessus, l’arcade sourcilière prend la forme d’une ondulation qui se prolonge jusqu’à la tempe. L’importance accordée au modelé, les détails anatomiques rendus par de profondes incisions, ainsi que l’habilité dont a fait preuve l’artisan dans la suggestion de différents plans, sont autant de critères qui suggèrent une datation à l’époque sévérienne. On peut également imaginer une réalisation à une date ultérieure influencée par le style sculptural de cette période.

 

Comparaisons :

-Paris, musée Rodin, Co. 2103 (modelé et iconographie), Co. 2113, Co. 2117 (type iconographique).

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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