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Bès

placé sur le chapiteau d'une colonnette

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe– XXXIdynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 6 cm ; L. : 2,2 cm ; P. : 1,6 cm  

Co. 2411

Comment

State of preservation

La statuette du dieu est complète, à l’exception des plumes de la couronne, et de la colonnette sur laquelle il se tenait, dont seul le sommet du chapiteau est conservé. Une trace d’impact est visible à l’arrière du crâne, dans la partie gauche du mortier. Le métal oxydé et corrodé a rendu difficile la lecture des détails. De nombreuses concrétions remplacent les espaces originellement vides telles que les interstices entre les bras et le buste. 

 

Description

La statuette représente le dieu Bès debout, sur une colonnette. Ses jambes, placées côte à côte, sont légèrement arquées. L’appendice caudal du dieu est donc visible en arrière-plan. Bras étendus le long du corps, ses mains reposent à plat sur ses cuisses. Le dieu est figuré entièrement nu, à l’exception de deux bracelets joncs qui ornent ses bras et ses chevilles. Ils sont rendus par deux fines lignes parallèles. Une couronne composée d’une base-mortier plane rectangulaire, sur laquelle étaient rapportées à l’origine de hautes plumes, coiffe Bès. Sur la partie frontale de ce petit mortier, on voit les traces arrondies d’un élément rapporté, aujourd’hui disparu. On remarque le même arrangement sur une statuette au British Museum de Londres EA57330

La tête de Bès est ronde, ses traits sont exagérés. Les yeux sont larges et profondément creusés, probablement incrustés à l’origine d’une pierre ou de pâte de verre colorée. Aujourd’hui, la concrétion remplace l’incrustation. Le nez, qui semble large, surmonte une bouche à peine discernable. L’épaisse barbe est encore visible contrairement aux mèches de cheveux qui sont totalement patinées et fondues dans la masse du métal. La chevelure est mieux conservée dans le dos du dieu, s’arrêtant net au niveau des omoplates. Les oreilles étaient percées. La tête est disproportionnée par rapport au reste du corps comme c’est généralement le cas pour les représentations de cette divinité. Les épaules sont étroites et rondes et se prolongent sur des bras massifs sur lesquels le pli du poignet est rendu. Les doigts ne sont pas figurés sur les mains. Les pectoraux sont dessinés, de même que le nombril et plusieurs bourrelets du ventre, deux sous les pectoraux et deux autres au niveau du bas-ventre. Les parties génitales, généralement figurées sur les représentations de Bès, se laissent ici seulement devinées. La taille est fine et les hanches larges. Les jambes sont courtes et massives, comme le sont également les chevilles et les pieds sans orteils. Enfin, une longue queue émerge au bas d’un dos aux courbes galbées et repose sur le sommet du chapiteau, renforçant ainsi la stabilité de la statuette.

 

Bès est une divinité secondaire protectrice du foyer. Ses représentations sont incontestablement attestées dès le Nouvel Empire. Bès est un nom générique donné à toute une série de nains qui peuvent parfois être confondus avec d’autres génies tels Aha ou Hity. De forme naine, Bès possède de long bras, est joufflu et affublé d’épais sourcils, d’une longue barbe fournie et très souvent d’une couronne de plumes d’autruche. Au Nouvel Empire, Bès porte souvent une peau de léopard. Une des caractéristiques principales de son iconographie réside dans le fait que le génie est presque toujours représenté de face. Le nain a une parèdre, Beset, mais on lui attribue généralement Taoueret comme épouse. Protecteur du foyer, Bès assure aux humains un sommeil reposant, chasse les cauchemars et est réputé leur garantir une vie sexuelle épanouissante. La sexualité est un aspect essentiel de sa personnalité, ce qui lui conférait de toute évidence un esprit gai et jovial, renforcé par son surpoids, signe d’abondance. Bès est une figure particulièrement importante dans l’univers de la femme et de l’enfant. Il les protège pendant la grossesse et au moment de l’accouchement et garantit l’harmonie familiale. On doit son visage sévère, ses grimaces parfois effrayantes et ses postures guerrières à son devoir de protection. Bès protège les humains en éloignant les forces du mal et est ainsi généralement désigné comme étant le « Combattant ». Il est l’assistant magique de la déesse Hathor et non son égal. Bon nombre de ses représentations et effigies ont d’ailleurs été retrouvées dans les sanctuaires dédiés à la déesse. Bès est un personnage important dans le mythe de la déesse lointaine (voir INCONNU-BOCQUILLON Danielle, Le Mythe de la Déesse Lointaine à Philae, Bibliothèque d’Études, Institut Français d’Archéologie Orientale132, Le Caire, 200), dans lequel on raconte qu’il escorta Hathor durant son retour en Égypte en lui jouant de la musique. Le génie est donc aussi le protecteur des danseuses et des prêtresses d’Hathor. C’est pour cette raison que l’on retrouve souvent son image sur des sistres (par exemple au Walter Art Museum de Baltimore, 54.493). Il incarne les aspects violents et défensifs de la déesse, décourageant ainsi ses ennemis à s’en prendre à ses adorateurs. Bès connaîtra une postérité puisque l’on retrouve des représentations du nain jusqu’au premier siècle du premier millénaire de notre ère. On a retrouvé un certain nombre de ses effigies dans la ville d’Akhetaton et il est possible qu’un lieu ait été consacré à son culte dans l’oasis de Bahariya.

 

 

La statuette Co. 2411, de par ses dimensions et le fait que le dieu soit installé sur une colonnette, était probablement utilisée comme enseigne lors des services rituels, par exemple en l’honneur d’Hathor, ou bien offerte en ex-voto

 

Les musées possèdent de nombreuses œuvres similaires, toutefois elles sont généralement en faïence et ne reposent pas sur des colonnes. On trouve donc particulièrement des couvercles de pot à kohl, des manches de sistres ou de miroir. Quelques exemples sont toutefois comparables à Co. 2411, notamment au British Museum (EA12591), Au Metropolitan Museum of Art de New York (29.2.3) et au Musée royal de Mariemont à Morlanwelz (B454, voir DELVAUX Luc, « Harpocrate-Somtous sous forme de Bès », in Derricks Cl., Delvaux L. (éd.), Antiquités Égyptiennes au Musée royal de Mariemont, Morlanwelz, 2009, p. 178-179).

La figurine de Bès placée sur une base munie d’un tenon du Staatliche Museen de Berlin 9716 est très semblable à celle du musée Rodin (ROEDER Günter, Ägyptische Bronzefiguren, Berlin, 1956, p. 96, § 136 [k], fig. 125, et pl. 14 [n]).

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La statuette a été placée sur un socle circulaire de type marbre jaune à une époque proche de son arrivée dans la collection. Bien qu’elle soit enchâssée dans une matière plâtreuse, le fait que le dieu soit placé sur un base en forme de chapiteau suggère de voir dans l’objet un objet processionnel, à l’instar de l’image du Bès Co. 803

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation à l’État français en 1916.

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