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Applique de mobilier

Néréide

Égypte > provenance inconnue

IIIe-IVe siècle ap. J.-C.

H. 2,9 m ; L. 6,6 cm ; P. max. 0,8 cm

Os long de grand mammifère

Co. 2291

Comment

State of preservation

Les deux bords de l’applique sont brisés, et celle-ci est fragilisée par de nombreuses fentes et fissures longitudinales, notamment dans l’épaisseur des bords internes. Le visage présentait un délitement, avec un éclat qui a été recollé. Des dépôts abondants de sédiments bruns s’observent encore sur la face principale.

Description

Orientée vers la droite, la Néréide présente un buste vu de face et une tête qui offre son profil gauche. Coupé sous la poitrine, son corps nu devait se prolonger sur une autre pièce, placée en-dessous de la nôtre. Les os longs des pattes de bovidés ne permettaient pas, dans une grande partie des cas, de sculpter en entier les personnages, et les artisans, de ce fait, devaient juxtaposer plusieurs appliques, afin de reconstituer une large composition. La jeune femme appartient à la série des figures velificantes, puisqu’elle retient de se deux bras écartés, son voile enflé par le vent marin, qui décrit un arc-de-cercle derrière sa tête. Son attitude avec les bras tendus n’est pas sans évoquer différentes appliques du musée Rodin (Co. 2154, Co. 2210, Co. 5603), bien qu’elle s’en éloigne fortement sur le plan stylistique.

 

Le visage, modelé tout en délicatesse, témoigne d’une recherche de plasticité accrue. Supporté par un long cou, il est coiffé d’une chevelure aux mèches tressées, ceignant le front et attachées sur la nuque. On trouvera sur les appliques 22165, 18760, 18762 du musée Benaki, des analogies éloquentes pour cette coiffure (MARANGOU 1976, n° 145-147 p. 113, pl. 45c, d, e). Les effets de volume, qui se traduisent par une joue bien rebondie, se conjuguent à une attention toute particulière portée aux détails. L’œil est rendu, en effet, avec beaucoup de subtilité, par une minuscule protubérance jouant avec l’ombre des paupières. Le nez, placé dans le prolongement du front, surmonte une petite bouche aux lèvres charnues bien dessinées. Le buste pourvu de seins globulaires quelque peu géométrisés révèle le même goût pour le relief. Cette approche s’observe aussi sur plusieurs appliques sculptées de ménades, mises au jour sur le site du théâtre Diana à Alexandrie (RODZIEWICZ 2007, n° 9, 11, 12 p. 67-69, pl. 6-7, 87.2b, 88.1b, 88.2). On remarque également le soin avec lequel a été traitée l’étoffe du voile, dont les plis épais ménagent plusieurs niveaux de relief.

 

Ce fragment d’applique ne rencontre pas de réel équivalent. Cependant, la dette envers l’héritage hellénistique qu’il révèle, ainsi que la méticulosité du rendu du visage, nous engagent à l’associer à l’exemplaire 18759 du musée Benaki (18759 : MARANGOU 1976, n° 143 p. 113, pl. 45a). Bien que doté d’un cou plus court, le visage présente la même inclinaison que le nôtre. L’applique offre une des rares images sur laquelle la nymphe semble porter son regard vers le haut. Le goût du mouvement et le naturel de la posture laisse place, sur notre fragment, à une traduction plus appliquée du modèle iconographique.

 

Le moelleux des chairs de la Néréide, et la finesse de ses traits, finissent de nous convaincre de rapprocher cette pièce, d’appliques à la qualité de facture indéniable, présentes dans la collection du musée Rodin, bien que leurs sujets soient différents (Co. 2132, Co. 2155 ou Co. 2158). L’artisan qui a façonné ce fragment, en jouant sur une subtile gradation de la profondeur, a livré une solution plastique très réussie. Les comparaisons opérées avec les pièces du musée Benaki citées précédemment, ainsi qu’avec les reliefs découverts lors des missions françaises menées à Alexandrie, nous inclinent à placer l’exécution de l’applique au cours du IIIe-IVe siècle, sans pour autant écarter une date plus précoce.

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 18759 (visage de la Néréide).

-Paris, musée Rodin, Co. 2133, Co. 2264 (position des bras, mais style très différent).

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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