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Applique de mobilier

ménade au tympanon

Égypte > provenance inconnue

IVe siècle ap. J.-C. ?

H. 7,4 cm ; l. 3,3 cm ; P. max. 0,8 cm

Os, métacarpe droit de bœuf, face postérieure

Co. 2282

Comment

State of preservation

N’est conservée de l’applique que la partie correspondant à son tiers supérieur. Compte-tenu des dimensions du fragment, on peut imaginer un décor de plus d’une vingtaine de centimètres de haut. Initialement brisée en deux parties, la pièce conserve le souvenir de la cassure, dans la fente qui court en biais, du sommet du crâne jusqu’aux lèvres. Fendillée sur toute sa hauteur, elle révèle quelques desquamations sur la face externe. Plusieurs petits éclats endommagent aussi la face interne, en partie supérieure. Une patine ambrée, à la teinte plus soutenue sur la main de la ménade, le tambourin, ou dans le creux de la cavité médullaire, recouvre intégralement la pièce.

Description

La déchirure n’a laissé subsister du personnage que son visage et sa main droite tenant un tympanon. Un rapprochement avec l’applique Co. 2194 nous incite à identifier le visage d’une ménade à l’attitude tournoyante. La position contradictoire du buste et de la tête est, en effet, un trait iconographique récurrent des représentations des membres qui composent le cortège dionysiaque. Sur l’applique Co. 2194, la jeune femme danse vers la droite, tandis qu’elle tourne violemment la tête vers la gauche. Elle retient de son bras droit levé un tambourin, dans une pose contorsionnée. Cette silhouette nous livre une piste d’interprétation quant à l’attitude originelle de notre figure très lacunaire.

 

Le visage, légèrement penché en avant, offre au regard son profil droit. Au-dessous d’un haut front couronné d’une chevelure aux mèches tirées vers l’arrière, descend un long nez au profil aquilin, surmontant une bouche aux lèvres charnues bien ourlées. L’arcade sourcilière marquée par une ligne droite incisée au burin surplombe un œil au dessin en amande, formant une légère saillie. La main aux doigts bien individualisés tient un tympanon de taille réduite. Le fait que l’applique s’interrompe au-dessus du poignet et au milieu de la joue de la jeune femme indique, de toute évidence, à l’origine, la présence d’autres éléments de placage contigus. La ménade se déployait au moins sur deux appliques assez étroites au format allongé. L’assemblage de plusieurs éléments permettait de faire naître de vastes compositions faisant voisiner satyres, ménades, Silène ou divers participants au défilé bacchique. Plusieurs ensembles témoignent de l’existence de ces décors constitués d’appliques longues et souvent peu larges, supportant une scène complexe, sans doute mise en place grâce à un modèle préparatoire. Aussi, il n’est pas rare qu’une figure occupe presque toute la surface d’une applique, et que ses membres, ou les attributs qu’elle supporte, se déploient sur les appliques qui lui sont juxtaposées.

 

Un découpage très précis des motifs, applique par applique, était indispensable de manière à ce que les contours soient bien jointifs et que le dessin général se recompose sans problème. La frise sculptée d’une figure de Silène accompagné de deux ménades, conservée au musée du Louvre (inv. MND 1866, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines : MARANGOU 1976, Pl. 17a ; MICHON 1935-1937, p. 357-361, Pl.), constitue un exemple éloquent de ce type de décor s’adaptant aux contraintes de la matière première. Aux côtés des deux ensembles connus au Staatliche Museum Ägyptischer Kunst de Münich (ÄS 5296 : MARANGOU 1976, Pl. 16c ; ESCHBACH 2014, n. 13 p. 78, Abb. 5 p. 79), la pièce mise au jour en 2002 sur l’acropole de Perge en Turquie (Inv. K.F1 / 44.02.6 ej : ESCHBACH 2014, p. 75-76, Abb. 2 p. 77) correspond à l’un des seuls exemples bénéficiant d’un contexte archéologique bien documenté, illustrant ces vastes décors destinés à habiller des meubles de luxe.

 

La ménade, dont le bras droit devait décrire un arc-de-cercle au-dessus de la tête, appartient à un type iconographique répertorié également sur deux appliques de petites taille de la collection du musée Rodin (Co. 2059 et Co. 2141). Peut-être contaminé par la pose de Dionysos Lykeios (MARANGOU 1976, p. 35), ce schéma trouve d’autres occurrences sur les placages en os de grande taille et de forme légèrement convexe : une pièce du musée gréco-romain d’Alexandrie (inv. 12122 : TÖRÖK 2005, n° 87 p. 145-146 ; BONACASA-CARRA 2012, p. 40, fig. 2 p. 45), un exemplaire du musée Benaki (inv. 18885 : MARANGOU 1976, n° 103 p. 105, pl. 32b), un troisième conservé au Victoria & Albert Museum (inv. A.14-1925 : BECKWITH 1963, p. 12, fig. 26), et un dernier provenant de Tartous, appartenant autrefois à la collection de Clercq à Paris (n° 81-E 182 : DE RIDDER 1906, n° 245, p. 177-178, pl. XLI). Une applique découverte au sein d’un niveau du Ve siècle sur le site d’Abou Mina supporte aussi une iconographie similaire (ENGEMANN 1987, p. 173 n. 11, pl. 17c). Datée du IVe siècle par J. Engemann, elle affiche des parentés stylistiques avec notre fragment. Par son dessin hésitant, et une stylisation des traits, ce dernier pourrait, pour autant qu’on puisse en juger, correspondre à une production du IVe siècle également.

 

Comparaisons :

-Abou Mina, missions archéologiques de l’Institut archéologique allemand (Deutsches Archäologisches Institut).

-Paris, musée Rodin, Co. 2194 (attitude mais style très différent)

-Paris, musée du Louvre, DAE, E 17193 (même pose mais inversée).

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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