Ménade au tympanon

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

IVe siècle ap. J.-C. ?

H. 10,6 cm ; l. 4,4 cm ; P. max. 2,6 cm

Os, humérus droit de bœuf, face latérale

Co. 2050

Commentaire

Etat de conservation

La partie inférieure de la pièce est cassée. Le bord sommital est interrompu par un manque qui correspond à l’emplacement de la fossette olécranienne de l’os. Bien qu’offrant une teinte de couleur crème assez uniforme, la face externe comporte une large tache d’oxydation à proximité du bord senestre, couvrant le drapé tombant des épaules de la ménade. Un réseau de fentes s’observe au sommet du placage. Le dos de la pièce révèle une coloration différente, surtout sur les bords internes, qui se parent d’une teinte plus ambrée. Des sédiments subsistent encore dans les trabécules.

Description

Progressant d’un pas alerte vers la droite, la compagne de Dionysos adopte une pose peu naturelle, tournant sa tête, dans un mouvement improbable, vers l’arrière. Ce mouvement contradictoire du visage et du buste constitue un poncif iconographique de la série des ménades tympanistriae. Si l’attitude peut être comparée à celle de la figure sculptée sur l’applique Co. 2084 de la collection d’A. Rodin, la jeune femme joue du tympanon, – et non des cymbales –, frappant un instrument assez volumineux. Elle lève en effet, à hauteur de sa tête, un disque ovoïde très étiré. Sur la droite, à l’arrière-plan, se dessine une arcature, suggérant le décor d’un portique devant lequel évoluait le cortège du dieu de l’ivresse. De telles indications architecturales se retrouvent sur plusieurs pièces appartenant au musée Rodin accueillant des représentations de ménades : Co. 2084, Co. 2085, Co. 2103.

 

Le corps nu, beaucoup plus étiré que celui de l’applique Co. 2084, offre des lignes sinueuses contrebalancées par les plis ondoyants du chiton. Retombant de part et d’autre du buste, il se répand en quelques plis pesamment accentués. Particulièrement allongé, le visage est bordé d’une chevelure aux mèches ondulées, descendant bas dans la nuque. Animé par un œil grand ouvert, à l’ovale incisé, un haut cou le supporte. Les bras, dont la position trahit quelques maladresses, se terminent par de longs doigts effilés.

 

Ce relief peut aisément être mis en rapport avec l’applique Co. 2067 conservée au musée Rodin, qui permet d’apprécier le type iconographique dans son entièreté. Il semble consister en une image en miroir de cet exemplaire dédié à une ménade dansant vers la gauche. Le dessin de l’étoffe, soulevé par le pas rapide de la ménade, paraît également dupliqué selon un axe de symétrie.

 

Bien qu’elle procède sans nul doute d’un modèle commun avec un exemplaire fragmentaire des collections du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre (E 17192 : MARANGOU 1976, p. 35, 103, pl. 29b) et une pièce passée en vente publique en 2015 (Vente Oxford, Bonhams, 15 avril 2015, The Oxford Fine Sale, lot 478), elle s’en distingue par plusieurs caractéristiques. Notre ménade présente des bras pliés, alors que sur les deux pièces de comparaison, les bacchantes frappent la peau du tambourin de leur bras tendu. Sur le plan stylistique, la pièce qui nous préoccupe s’éloigne de ces deux références, par une élongation prononcée du canon, une coiffure d’esprit moins classique, des formes à la plasticité et au poli moins affirmés. La position du ventre et des jambes n’est pas sans évoquer le fragment d’applique E 17196 du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre, mais là encore, nous observons une divergence en matière de style. Les formes sont de toute évidence, plus plates, et les plis affectés par une certaine mollesse. Cette traduction avant tout plus stylisée et graphique d’un modèle aux formes plastiquement réussies, assigné à la période sévérienne, nous invite à placer la réalisation de l’élément de placage du musée Rodin à une date un peu plus tardive. Aussi pouvons-nous envisager pour celui-ci une fabrication au cours du IVe siècle.

 

Comparaisons

-Paris, musée du Louvre, DAE, E 17192,  E 17196 (types iconographiques).

-Paris, musée Rodin, Co. 2067 (contrepartie symétrique), Co. 2084, Co. 2104 (attitude).

-Vente Oxford, Bonhams, 15 avril 2015, The Oxford Fine Salelot 478.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

< Retour à la collection