Vase lotiforme à décor végétal

Égypte > provenance inconnue

Époque hellénistique et romaine

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 6 : L.9,8 P. 0,5

Faïence

Co. 5813

Commentaire

Etat de conservation

L’œuvre est en bon état de conservation. La faïence est de bonne facture. Quelques petits éclats sont visibles. La faïence glacurée à dominante bleu-vert qui sert de couverte est bien conservée. Des accidents de cuisson sont visibles en surface, en particulier des bulles d’air. 

Description

Le profil du tesson correspond à la partie supérieure d’un vase en forme de calice, gobelet à boire réalisé dans tout type de matériaux en Égypte ancienne. Le vase présente un décor interne et externe bien distincts. Sa forme fermée, associée au décor externe de sa panse, permet de comprendre que le calice adoptait la forme d’une fleur de lotus.

 

Le décor externe matérialise en relief les pétales de fleurs d’un lotus bleu, végétal dont la représentation st fréquente sur la vaisselle de luxe au cours du Ier millénaire avant J.-C. Quatre pétales sont observables, réalisés par pressage dans un moule, puis couverts de pâte siliceuse avant cuisson. Malgré l’usure de la surface, il semblerait que les nervures aient été recouvertes d’une pâte plus sombre, à l’instar du décor interne, permettant ainsi, par un jeu de transparence obtenue après cuisson, d’en accentuer le relief. La lèvre, légèrement éversée, surmonte et protège l’extrémité des pétales. Le décor interne est bien distinct du décor externe. Réalisé en léger creux, il présente des volutes végétales rappelant les frises ornementales de l’art gréco-romain. Les rinceaux de feuillage, très vraisemblablement la représentation de sarments de vignes, se détachent nettement sur le fond ; ils ont été badigeonnés avant cuisson d’une pâte plus pigmentée afin de ressortir après cuisson sur le fond, laissé plus clair.

 

Ce décor végétal peut être lu à plusieurs niveaux. Cette vaisselle rappelle, dans un premier temps, le jardin d'une maison luxueuse (le nénuphar faisant référence à son bassin d’agrément) et les revenus de la terre (la vigne faisant référence aux possessions de l'élite sociale). Le décor contribuait également à la régénération du défunt dans l’au-delà, par la symbolique du lotus bleu, et à sa survie par l’alimentation (le vin, couleur sang). Il est également à voir comme l’évocation d’une chapelle funéraire protectrice, à l’image de celle des membres de l'élite sociale de la XVIIIe dynastie (voir, par exemple, la célèbre tombe de Sennéfer et de sa famille décor, au décor à rinceaux de vigne (Thèbes Ouest, Cheikh abd el-Gournah, TT 96).

 

Le rapprochement avec deux calices du musée du Louvre, permet d’imaginer la forme et la glaçure d’origine de Co. 5813. Le premier date de la XXIIe dynastie et est en forme de nénuphar (Inv. N° E 11349) ; le second, en forme de papyrus, évoque la glaçure d’origine de Co. 5813 (Inv. N° E 22544).

 

Bien que très probablement d’époque ptolémaïque, Co. 5813 a été réalisé selon une technique égyptienne ancestrale : la faïence glaçurée. Très présent tout au long de l’époque dynastique, ce matériau connaît une très grande popularité dans la production de vaisselle de luxe à partir du Nouvel Empire. De nombreux vases, bols  et calices en faïence datant de l’époque gréco-romaine ont été retrouvés, provenant de différents ateliers d’Égypte, notamment de la région d’Alexandrie. La très grande qualité d’exécution de ces objets indiquent qu’ils étaient destinés aux élites, comme vaisselle de service, voire comme vases rituels ou comme mobilier funéraire.

 

La forme de la lèvre et le décor d'un bol datant de l’époque ptolémaïque et  actuellement conservé au Walters Art Museum (Inv. N° 48.366), sont similaires à Co. 5813.

Un autre vase en forme de calice de la collection (Inv. N° 3120), réalisé en albâtre égyptien et dont la forme évoque celle d’un bouton de lotus stylisé, est à rapprocher de Co. 5813.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Hôtel Biron, 233, "Fragment de céramique provenant d'une coupe. L'extérieur est décoré de feuilles [dessin] en relief. L'intérieure d'un motif en rinceau, très légèrement gravé. Epoque alexandrine. Larg. 8 cent. 1/2. Estimé quarante francs."

Donation Rodin à l’État français en 1916.

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