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Neith marchant

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE > XXVIe - XXXe dynastie > 656 - 332 AVANT J.-C., probablement saïte

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 31,5 cm ; L. : 6,7 cm ; Pr : 11 cm 

Co. 797

Commentaire

Etat de conservation

L'oeuvre est en mauvais état de conservation.

L’oxydation du bronze a rendu les traits du visage et du collier illisibles. L’œuvre a pris une coloration rougeâtre sur une grande partie de sa surface. Il manque les deux avant-bras et la volute de la couronne. La partie haute de celle-ci est également brisée. Toute la partie supérieure de la figure est parsemée de piqûres, c’est-à-dire de petites cavités de forme sphéroïdales résultant de l’emprisonnement d’air ou de gaz entre le métal et le moule à la suite d’un refroidissement trop rapide du métal. La surface d’origine de la statue a été conservée dans sa partie inférieure. Les avant-bras de la déesse ont disparu.

Description

L’œuvre représente la déesse Neith debout sur une base rectangulaire, le pied gauche en avant. Elle porte une longue robe moulante descendant jusqu’aux chevilles et un large collier ousekh à quatre rangées de perles. Elle est coiffée de la couronne rouge de Basse-Égypte d’où s’échappait à l’origine la volute. Aujourd’hui, seul le trou qui l’accueillait est encore visible. La couronne très haute et très évasée est d’une hauteur identique à celle du visage. Sur celui-ci, les yeux, couronnés de sourcils tombants, sont grands et étirés vers le haut. Le nez est fin et droit. La bouche semble petite et pulpeuse et surmonte un menton fuyant. Les joues pleines sont modelées grâce aux dépressions sous les yeux qui donnent volume et réalisme à la figure. Le cou introduit des épaules larges et horizontales. On remarque que la gauche est plus haute que la droite. Ils précèdent des bras fins sans détail physique. Si les deux avant-bras ont disparu, une forte similitude avec la figurine en bronze du musée égyptien de Berlin (Inv. N° 13121, voir ROEDER Günther, Ägyptische Bronzefiguren, Berlin, 1956,  p. 220 et pl. 31 e, § 264h) autorisent une reconstitution des gestes de la déesse. Son bras droit est étendu le long du corps, la main enserrant un objet placé à l’horizontale ; l’avant-bras gauche étendu en avant, la main tenant un objet placé à la verticale. La poitrine généreuse, la taille très fine, le bas-ventre orné d’un profond nombril, les fessiers clairement modelés, ainsi que les cuisses rondes donnent à la déesse un aspect réaliste. Le genou gauche est rendu au travers de la robe. Les pieds sont longs et fins, les orteils également.

La déesse s’avance sur un socle parallélépipédique laissé sans inscription. Sous cette base creuse, deux épais tenons de métal se dégagent. Assurant la stabilité de cette grande figurine (31,5 cm de haut), ils servaient également à l’insérer sur un socle plus large aujourd'hui disparu. La maison André a utilisé ces deux tenons antiques pour présenter la statuette sur un socle en bois lors de la préparation de l’exposition Rodin Collectionneur de 1967.

 

La déesse Neith est une divinité très puissante qui acquerra de nombreuses facettes au fil de la civilisation égyptienne. Elle est d’abord une déesse à l’allure guerrière, généralement représentée tenant dans une main un arc et des flèches. Autre de ses fonctions, la protection d’un des quatre vases canopes dans lesquels les organes du défunt, prélevés au cours de sa momification, étaient conservés et entreposés avec la dépouille ; Neith était plus particulièrement chargée de veiller sur l’estomac. Elle fait alors partie des divinités féminines protectrices des morts, avec notamment Isis et Nephthys. C’est dans ce rôle qu’elle encercle, avec trois autres déesses, la célèbre chasse en bois recouverte d’or qui contenait les canopes de Toutankhamon au musée égyptien du Caire (Numéro d’inventaire JE 60686). Déesse des eaux du Nil, elle est considérée à l’Ancien Empire comme mère du dieu crocodile Sobek. Les attributs liés à la prospérité et l’abondance s’ajoutent donc à son image. Ayant enfanté le dieu Rê, elle acquit par la suite la fonction de démiurge créateur du monde. C’est par ses qualités de démiurge et de déesse funéraire, qu’elle devient une déesse chargée de tisser le monde de vivants ainsi que les bandelettes servant à la momification. Patronne des tisserands, elle s’attira alors tout particulièrement la ferveur féminine.

Déesse tutélaire de Saïs, cité du Delta où un sanctuaire lui est dédié, la couronne rouge de Basse-Égypte qu’elle arbore est à mettre en relation avec cette ville. Saïs devenue capitale dynastique, le culte rendu à Neith prend une ampleur considérable. Une grande quantité de statuettes de Neith a été retrouvée pour cette époque.

 

Ce type de statuette, l'oeuvre Co. 797 étant d’une taille particulièrement conséquente, était commandité par des particuliers afin de bénéficier de toutes sortes de protections. Malheureusement, l’état de conservation de l’œuvre et l’absence d’attributs spécifiques nous laissent dans le doute quant à l’aspect précis et le symbolisme qui voulaient être mis en avant.

 

Ce type de statuette se retrouve fréquemment dans les musées. Nous citons ici que quelques exemples datant tous de la Basse-Époque.

Musée du Louvre, Paris : E 3730, E 4119, E 22873.

Metropolitan Museum of Arts, New York : 04.2.447, 44.4.85, 04.2.449, 04.2.448, 04.2.446, 30.8.95, 08.202.9, 26.7.846.

Museo Egizio di Torino, Turin : Cat. 0315, Provv. 5896, Cat. 0312, S. 00039.

Penn Museum, Philadelphie : E 2245 (Neith est ici assise), E 12570, E 14289, E 14309.

Œuvres associées

L’œuvre Co. 775 conservée dans les collections du Musée Rodin, présente la même iconographie que la statuette Co. 797, en revanche, sur l’œuvre Co. 775, la déesse a les jambes jointes.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin auprès de l'antiquaire Léon Paul-Philip le 1er juillet 1904.

BOREUX 1913 : Meudon / atelier Tweed / vitrine 9, 368, "Neith debout sur une base, les deux bras manquent. Bronze. Haut. 31 cent. 1/2. Estimé trois cent francs."

Donation à l’État français en 1916.

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