Cylindre long de charnière

Ier-IIe siècle ap. J.-C.

L. 10 cm ; D. max. 2,45

Os, métapode de bœuf

Co. 6557

Commentaire

Etat de conservation

Le cylindre est brisé en deux parties non recollées, dans le sens longitudinal, au revers. Sur la face perforée, on distingue une fente partant de l’extrémité inférieure. La pièce, dont la matière osseuse offre un degré d’altération important, est recouverte d’une légère couche de sédiments.

Description

Cet élément cylindrique de charnière, de dimensions importantes, présente une base sciée légèrement en oblique, alors que l’autre extrémité est tournée. Son extrémité supérieure est soulignée de trois fins sillons concentriques. Il est percé de deux orifices circulaires non alignés et décentrés par rapport à l’axe de la pièce.

 

Attestées dans le monde gréco-romain depuis le IVe siècle, les charnières permettent de relier des vantaux de portes, des battants ou des couvercles, à des meubles tels que des cabinets, des coffres ou des coffrets. Souvent découvertes sans la structure d’origine à laquelle elles se rapportaient, elles ont parfois été mal identifiées. En outre, leur articulation au meuble disparu demeure souvent imprécise. Cependant, la découverte de deux cabinets pourvus encore de leur système de charnière, à Herculanum, ainsi qu’une armoire à Boscoreale, dont a été tiré un moulage en plâtre, a autorisé une meilleure appréhension du dispositif du montage de ces éléments cylindriques.

 

Fabriqués à partir de la diaphyse d’os longs de mammifères, les cylindres de taille identique, étaient façonnés en série. Ils étaient assemblées grâce à une âme en bois, que l’on introduisait dans la cavité, souvenir du canal médullaire de l’os. Cette âme était pourvue à l’une de ses extrémités, d’un tenon saillant, et à l’autre d’une cavité cylindrique. Ainsi, ces cylindres pouvaient être emboîtés les uns dans les autres, et être mobiles (BÉAL 1983, p. 101). On insérait des fiches dans les orifices latéraux, qui rattachaient alternativement les cylindres au montant et au battant du meuble (voir les schémas dans BÉAL 1984 (1), p. 25 ; BÉAL 1984 (2), p. 10).

 

Ce cylindre appartient à la catégorie des éléments longs, souvent ornés de deux, trois ou cinq perforations. Il est incisé de trois fins filets sous son extrémité supérieure, qui renfermaient peut-être à l’origine une matière résineuse noire. Ce décor servait probablement de repère pour le montage de la charnière, ou le forage des trous recevant les chevilles (ANDERES 2015, p. 49).

 

Découvertes dans de nombreuses régions du bassin méditerranéens, les charnières sont particulièrement fréquentes durant la seconde moitié du Ier siècle et la première moitié du IIe siècle ap. J.-C. Elles se raréfient ensuite, pour devenir presque absentes au IVe siècle (SCHENK 2008, p. 84 ; ANDERES 2015, p. 50).

 

Comparaisons

-Avenches, musée romain, inv. 70/7243, inv. 87/7414-7 ; inv. 79/14131 (dépression).

-Vienne, musée (BÉAL 1984 fig. 11 p. 11).

-Paris, musée Carnavalet (DUREUIL 1996, cat. 171-172 p. 80).

-Paris, musée Rodin, Co. 6558.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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