ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE > XXVIe – XXXe dynastie > 656 - 332 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 7,6 cm ; L. : 7 cm ; P. : 1,9 cm
Co. 2443
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE > XXVIe – XXXe dynastie > 656 - 332 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 7,6 cm ; L. : 7 cm ; P. : 1,9 cm
Co. 2443
L’œuvre présente un mauvais état de conservation.
Le métal est très oxydé, en particulier sur la face arrière où de nombreuses piqures sont visibles. Les détails du décor ont presque entièrement disparu. Les bords de l’égide sont érodés, et l’une des images de faucon a disparu. Une grande partie de la crinière de la lionne est brisée à l’arrière, ainsi que le disque solaire. Le contrepoids dorsal est manquant ainsi que l’élément rapporté central. Une ouverture ronde est visible sous la tête de lionne.
L’œuvre Co. 2443 se compose d’un collier ousekh surmonté d’une tête de divinité, ici une divinité féline. Objet rituel appelé « égide », il pouvait être accompagné d’un contrepoids de collier menat qui pendait dans le dos pour contrebalancer le poids du collier sur la poitrine. Un bel exemple de cette combinaison est visible au Walters Art Museum sous le numéro 54.1515. Ce contrepoids est manquant.
La tête de lionne est traitée en relief. Elle est coiffée d’une perruque tripartite dont les deux pans de cheveux tombent sur l’avant du collier, et surmontée d’un large disque solaire orné d’un uraeus. Malgré l’état de conservation très mauvais de l’œuvre, on discerne encore deux légers creusements en triangle créant les cavités oculaires. La face est entourée d’une crinière ronde d’où s’échappent les oreilles. Celles-ci supportent le disque solaire. La crinière était probablement striée avec soin à l’origine. La tête de la lionne est flanquée de part et d’autre d’une tête de faucon placé de profil, le faucon de gauche étant manquant aujourd’hui. Cette présentation se retrouve sur les œuvres du Walters Art Museum 57.540 et sur celle du Musée du Louvre E7167. La tête de faucon est surmontée d’une épaisse tige rejoignant le côté du disque solaire. Il pourrait s’agir d’un renfort ou d’une couronne. Les faucons protégeaient souvent la poitrine des dieux, des rois ou des particuliers.
Le collier est un large pectoral, dit collier ousekh, dont le bord supérieur aurait été découpé en escalier (voir, pour comparaison le collier conservé au British Museum EA23431, ou celui au Walters Art Museum 57.1429. La face arrière a été laissée brute alors que la face avant présente des décors, aujourd’hui très détériorés. La première rangée est trop émoussée pour proposer une ornementation. Il est possible de restituer que la deuxième rangée est constituée d’une succession de perles rondes (voir pour comparaison l’œuvre conservée au Musée du Louvre E22861. La troisième rangée présente une composition utilisant des perles allongées en forme de goutte. La quatrième et dernière rangée est très abîmée.
Au centre du collier, un percement circulaire a été ménagé à l’aplomb des pans de la perruque de la déesse. L’élément qui y était rapporté est perdu. Si on compare l’égide à tête de lionne du musée Rodin à celle, assez similaire, conservée à la Glyptothèque Ny Carlsberg de Copenhague ÆIN 195, où la lionne a conservé les incrustations figurant ses yeux, une fleur de lotus pourrait y avoir été insérée (cf. JØRGENSEN Mogens, Catalogue Egypt V. Egyptian Bronzes Ny Carlsberg Glyptotek, s. l., Ny Carlsberg Glyptotek, 2009, p. 290-293, n° 100.2). Le décor du collier de ces égides est souvent inspiré de motifs floraux en lien avec la flore nilotique (cf.GOMBERT-MEURICE Florence, PAYRAUDEAU Frédéric (dir.), Servir les dieux d’Égypte. Divines adoratrices, chanteuses et prêtres d’Amon à Thèbes, Catalogue d’exposition, Musée de Grenoble, 25 octobre 2018 – 27 janvier 2019, Paris, 2018, p. 397). La partie entourant ce percement pourrait également avoir été décorée comme on peut le voir sur la double égide du Musée du Louvre N4302.
Placée derrière le disque solaire, une bélière assure à l’objet un système de suspension. Les égides de petites tailles pouvaient être portées en amulettes, le contrepoids dorsal étant placé verticalement dans ce cas. Utilisée comme objet votif au cours de cérémonies, le contrepoids dorsal de l’égide était placé horizontalement afin de la brandir. Voir les trois bronzes de la déesse Bastet conservés à la Glyptothèque Ny Carlsberg de Copenhague ÆIN 202 et ÆIN 204 et ÆIN 203 (cf. JØRGENSEN, op. cit., p. 156-159, n° 52.2, 52.3 et 52,4).
L’égide égyptienne est une représentation de la divinité dans ses prérogatives protectrices. Les déesses, associées à la protection des rois et des particuliers grâce à l’allaitement ou leur fureur face à l’ennemi, y sont le plus souvent figurées. Celle de l’égide Co. 2443 serait le plus probablement à identifier à la déesse Sekhmet (voir les notices Co. 773 et Co. 788) ou à la déesse Bastet (voir la notice Co. 814). Les Égyptiens ont également conçu des égides associant deux divinités (voir celle conservée au Musée du Louvre N4302.
On retrouve des égides portées sur la poitrine par la déesse Bastet dans la petite statuaire de la Basse-Époque (voir par exemple la statuette du Musée Rodin Co. 814). L’égide apparaît aussi au cou de certaines statuettes de chat (voir l’œuvre Co. 804 du Musée Rodin), ou encore à la proue et à la poupe des barques des processions divines, généralement à l’effigie du dieu dont la statue est portée en procession (voir l’œuvre E2430 du Musée du Louvre).
L’œuvre Co. 2443 est unique dans les collections du Musée Rodin.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation à l’État français en 1916.