ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe– XXXIe dynastie > 672 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 3,9 cm ; L. : 4,5 cm ; Pr. : 7,1 cm
Co. 2415
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe– XXXIe dynastie > 672 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 3,9 cm ; L. : 4,5 cm ; Pr. : 7,1 cm
Co. 2415
L’œuvre est en très mauvais état de conservation. Elle est particulièrement oxydée et corrodée, les détails sont très effacés. De nombreuses fissures parsèment l’objet dans sa longueur. Une fissure horizontale traverse la tête de part en part. Les deux anneaux présents sous le scarabée sont bouchés de corrosion. L’œuvre présente une couche de carbonates verts assez vifs (malachite) sur des oxydes qui sont peu visibles. De toutes petites plages noires ponctuent la surface. Cette dernière est grenue et n’a vraisemblablement jamais été nettoyée. Des traces de gangue d’enfouissement terreuse sont encore visibles en particulier sur le revers où les deux bélières sont remplies d’un matériau compact (terre et produits d’altération). Des chlorures sont disséminés sur la surface mais il n’est pas certain qu’ils soient encore actifs. Des restes de sédiments (ou d’oxydes de métal ?) plus ocres sont visibles localement sur le revers et sur les bélières.
L’œuvre Co. 2415 figure un scarabée d’une longueur de 7,1 cm dont le corps repose deux épaisses bélières. En raison de son état actuel, le rendu de l’insecte est sommaire ; silhouette et proportions sont conservées mais les détails sont masqués. La carapace protégeant la tête est sensiblement plus bombée que celle recouvrant le thorax et l’abdomen. Le décor des élytres est encore partiellement visible, des lignes fines et également espacées qui s’étirent sur toute la longueur. Les deux gros anneaux de fixation situés sous le scarabée, au centre de son thorax, permettent de restituer la fonction initiale de cet objet. Leur épaisseur conséquente suggère qu’une barre de bois ou de métal pouvait y être glissée, assurant ainsi la fermeture de deux vantaux. Le scarabée Co. 2415 correspond donc très vraisemblablement à l’élément d’un verrou.
La richesse de la symbolique du scarabée en fait une des amulettes les plus prisées par les Égyptiens. La minutie avec laquelle ils observaient la nature, s’est tout naturellement tournée vers ce coléoptère extrêmement présent sur le terrain désertique égyptien. La boule de fumier, parfaitement ronde, que l’insecte fait voyager a donc été tout simplement perçue comme une image du Soleil. Plusieurs analogies entre le cycle quotidien du Soleil et le comportement du scarabée sont alors faites. Le coléoptère est essentiellement actif au petit matin, ce qui l’associe directement au soleil naissant. De plus, il enterre sa boule de fumier dans le sol après sa journée de travail, de la même manière que Nout avale le Soleil chaque soir pour le faire resurgir au matin. Enfin, les différentes étapes de mutation de l’insecte, qui pond dans sa boule de fumier et où les larves se développent et se transforment, sont alors une transposition directe de la métamorphose et de la renaissance spontanée du Soleil durant la nuit et au matin. C’est ainsi que le scarabée est associé à Khépri, le dieu « venu de lui-même à l’existence » (Textes des Pyramides, § 1587b). De par ses capacités d’auto-création, l’insecte peut également évoqué le dieu Ptah en tant que démiurge. Mais aussi, selon le papyrus Jumilhac, à Osiris et à sa ville Abydos, dans lequel elle est appelée la « Ville du scarabée ». C’est cette association au dieu des morts qui a rendu aussi populaire la présence d’amulettes de scarabée placées sur les momies, notamment les amulettes de cœur permettant au défunt de renaître dans l’Au-delà.
Le musée Rodin conserve un autre élément de verrou en bronze de forme cubique, le Co. 5783. Il est décoré d’une tête de lionne.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Meudon, atelier de peinture, vitrine 11, 409, "Scarabée en bronze. Double bélière sous la base. Long. 7 cent. Estimé deux cent francs."
Donation Rodin à l'État français 1916.
L'objet était exposé du vivant de Rodin dans une vitrine de l'atelier de peinture à Meudon. Rodin aimait le prendre dans sa main : « Laissant de côté ses tableaux, il ouvrit une vitrine et en tira un scarabée égyptien. Ce petit bronze, que l'oxydation des siècles avait coloré d'un vert splendide, présentait ces lignes divinement simples et l'on pourrait dire majestueuses par lesquelles les anciens riverains du Nil savaient résumer toutes les formes vivantes. Il me le mit dans la main pour le me faire mieux admirer. « Quelle idée cet insecte évoque-t-il en vous ? - Peu importe ! dis-je en souriant ; mais apprenez moi celle qu'il vous suggère. - Eh bien !... l'idée d'un prêtre officiant à son autel. Regardez la tête engoncée dans le thorax... tout à fait le plongeon devant l'hostie... Et l'incurvation du dos... Et la carapace métallique des élytres... tout à fait la chasuble aux broderies étincelantes. Les Égyptiens en symbolisant l'éternité dans cet animal ont certainement soupçonné dans sa forme une posture d'adoration. Et notre Eglise catholique a inconsciemment imité cet insecte... Les hommes ne trouvent rien de beau qu'en copiant la nature » (Paul Gsell, « Propos de Rodin sur l'Art et les Artistes », La Revue, Paris, n° 21, 1er novembre 1907, p. 99-100).