Égypte > provenance inconnue
IIIe-IVe siècle ap. J.-C.
H. 2,5 cm ; L. 9,3 cm ; P. max. 0,9 cm
Os long
Co. 2211
Égypte > provenance inconnue
IIIe-IVe siècle ap. J.-C.
H. 2,5 cm ; L. 9,3 cm ; P. max. 0,9 cm
Os long
Co. 2211
Ce fragment correspond à l’angle senestre inférieur d’un élément d’applique. De couleur beige, avec une patine tirant sur l’ocre jaune par endroits, il offre un fendillement généralisé sur sa face principale. Il est aussi recouvert d’une couche de salissure non négligeable.
Le fragment laisse apparaître un corps nu étendu. Ce dernier correspond à celui d’une Néréide à demi-allongée, tournée vers la droite. La position de sa main gauche laisse supposer qu’elle était accoudée, dans une posture nonchalante. La mise en regard de ce fragment avec les nombreuses illustrations du thiase marin qui émaillent les appliques en os tardo-antiques découvertes en Égypte, ou dans le reste du bassin méditerranéen, permet de reconstituer le schéma iconographique de notre pièce, avant qu’elle ne soit brisée. Le musée Rodin renferme une série d’éléments de placage accueillant une nymphe à demi-couchée vers la droite, sans doute supportée par un monstre marin, bien que celui-ci ne soit évoqué que par quelques courbes suggérant sa queue. Nous en voulons pour preuve les appliques suivantes appartenant au musée Rodin : Co. 2070, Co. 2169, Co. 2177, Co. 2324, Co. 5633. Des pièces abritées dans d’autres institutions livrent des modèles proches : le relief 18749 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 166 p. 116, pl. 49b), ou celui anciennement conservé aux Staatliche Museen de Berlin (I 3763 : WULFF 1909, n° 387 p. 112, pl. 18). On citera également l’exemplaire F 1956/12.6 du Rijksmuseum van Oudheden de Leyde, et l’applique 71.56 du Walters Art Museum de Baltimore (RANDALL 1985, n° 142 p. 92-93). Le site d’Antinoé a révélé une pièce fragmentaire proche (O’CONNELL 2014, p. 420, pl. 115 p. 444). Les fouilles archéologiques menées à Alexandrie à l’emplacement de l’ancien Cinéma Majestic ont livré une pièce reprenant ce type iconographique (RODZIEWICZ 2007, n° 17 p. 71-72, pl. 9, pl. 90-3 ; RODZIEWICZ 2016, p. 87, fig. 86 p. 89).
À l’instar de l’applique Co. 2070, les proportions de la Néréide démontrent une adaptation au cadre horizontal de la matrice osseuse. Bien que son ventre semble beaucoup moins étiré que sur cette pièce de comparaison, ses formes, qui jouent sur les courbes et les contre-courbes, offrent une plasticité certaine. Le buste coupé au niveau de la poitrine et naissant d’une taille très fine, devait être légèrement redressé. Un pan du voile recouvre la cuisse droite, à l’image des pièces qui supportent une représentation analogue. Le polissage achevé met l’accent sur les chairs lisses et apporte un caractère moelleux au modelé. La délicatesse avec laquelle ont été sculptés les doigts de la main gauche signe une facture de qualité. Le geste cassé du poignet et la souplesse des doigts se retrouve sur l’exemplaire Co. 2162 du musée Rodin, dont le type iconographique constitue une variante du nôtre.
S’inscrivant dans une abondante série d’appliques ornées d’une figure de Néréide à la pose indolente, allongée sur le dos d’un animal marin, ce fragment démontre la reproduction de schémas iconographiques établis, au sein des ateliers des centres urbains de la fin de l’Antiquité. Les styles ne sont pour autant pas uniformes, et des variations se devinent dans les approches différentes de l’anatomie féminine ou l’intérêt porté au volume. Cette applique montre une sureté de réalisation, dans la limite de ce que nous pouvons en juger, étant donné la petitesse du fragment. E. Rodziewicz a proposé de placer la fabrication de la pièce découverte à Alexandrie au IIIe-IVe siècle. Dans notre cas, la fluidité de la ligne et l’harmonie des formes de la Néréide s’accordent à cette datation.
Marquage
Au dos, en partie inférieure, 21 marqué au crayon rouge.
Comparaisons
-Alexandrie, fouilles archéologiques, mission du CEAlex, secteur du Cinéma Majestic, 1992, MA 92.02.96.12.1 (9).
-Antinoé, mission de l’Egypt Exploration Fund, 1913-1914.
-Athènes, musée Benaki, 18749.
-Baltimore, Walters Art Museum, 71.56. -Berlin, anciennement au Staatliche Museen, I. 3763.
-Leyde, Rijksmuseum van Oudheden, F 1956/12.6.
-Paris, musée Rodin, Co. 2070, Co. 2169, Co. 2177, Co. 2324, Co. 5633 (type iconographique)
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.