ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE OU ROMAINE > 332 avant J.-C. - 395 après J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 7,9 cm ; L. : 3,1 cm ; Pr. : 2,1 cm
Co. 1230
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE OU ROMAINE > 332 avant J.-C. - 395 après J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 7,9 cm ; L. : 3,1 cm ; Pr. : 2,1 cm
Co. 1230
L’œuvre présente un mauvais état de conservation. Le bras droit est manquant et le métal est très oxydé. Le visage présente plusieurs traces d’impacts et les détails anatomiques sont patinés par la corrosion. Les pieds sont également très endommagés et sectionnés au niveau des orteils.. Des concrétions sont visibles dans les espaces originellement vides, notamment sous l’aisselle droite. Brisée, la figurine a peut-être été détachée brutalement de son support d’origine.
L’œuvre figure le dieu gréco-égyptien Sérapis debout en appui sur sa jambe gauche présentant un déhanché nettement marqué vers l’avant. Il tient de sa main gauche une corne d’abondance aujourd’hui très détériorée. La divinité est coiffée du calathos, corbeille décorée de rameaux d’olivier ou d’épis de blé, symbole d’abondance et de fertilité et servant à mesurer le grain. De forme approximativement rectangulaire, il s’évase cependant à son sommet. L’iconographie de cette statuette répond aux schémas classiques de l’iconographie grecque. En effet, Sérapis est habillé d’un grand drapé le serrant au niveau de taille et descendant jusqu’aux genoux. Le tissu, enroulé dans sa partie supérieure, recouvre son dos en laissant dégagée l’épaule droite, et tombe sur le buste en recouvrant l’épaule et le bras gauche. Sa coiffure également, loin de la tradition égyptienne, se compose de larges boucles effleurant ses épaules. Un large sillon en arc de cercle à l’arrière du crâne laisse supposer que ses cheveux y étaient aplatis comme c’est le cas pour la statue du British Museum 1824,0478.1. Cette marque indique que le calathosétait maintenu sur la tête par un lien (voir le buste au musée de Berlin Inv. 17583, cf. ROEDER Günther, Ägyptische Bronzefiguren, Berlin, 1956, p. 51, § 72 b et pl. 9 a-b). On note l’absence de barbe qui termine généralement le menton de Sérapis.
Son visage est ovale avec des joues pleines. Les yeux profondément creusés encadrent un nez court mais large. La bouche, aux lèvres charnues, est petite. Le cou se poursuit sur des épaules larges et droites. Le buste est modelé afin de rendre les pectoraux et les muscles abdominaux. Les jambes, probablement plus finement dessinées à l’origine, sont aujourd’hui massives en raison de la corrosion de la statuette.
Contrairement aux représentations habituelles de ce dieu, Sérapis prend ici les traits d’un homme jeune et sans barbe.
Sérapis est un dieu grec pourvu d’un nom égyptien. Depuis le règne d’Âha, 2e roi de la Ie dynastie, un culte pour le taureau Apis existe à Memphis, où par ailleurs une grande communauté grecque est installée. Appelé Osiris-Apis après la mort de l’animal, le nom se transforme en Osirapis, puis en Sérapis. Son apparition se fait sous le règne de Ptolémée Ier à Alexandrie qui souhaite doter sa capitale d’un dieu poliade, à qui furent attribués un aspect chtonien et des vertus guérisseuses et de fertilité. Sérapis est alors créé comme un dieu composite de plusieurs divinités égyptiennes et hellénistiques. Osirapis pour la mythologie égyptienne, et Zeus, Hélios, Dionysos, Hadès et Asklépios pour la théogonie grecque. Son culte principal se situe à Alexandrie où un temple, le Sérapéum, fut construit dès le début de la dynastie des Ptolémée dans le quartier indigène de Rhakôtis. Il fut détruit en 389 après J.-C. par l’empereur Théodose. De nombreuses chapelles, temples et lieux où un culte lui était rendu furent érigées partout en Égypte, ainsi que dans le monde gréco-romain grâce au commerce. Une tête sculptée romaine retrouvée sur le site romain d’Eburacum (l’actuelle York en Angleterre) atteste de l’importance de son culte jusqu’aux extrémités de l’Empire romain. Sérapis étant une divinité populaire et présente sur l’ensemble du territoire romain, un certain nombre de représentations nous sont aujourd’hui connues. En revanche, il s’agit plus généralement de figuration en terre cuite, en pierre ou en métal précieux, notamment les bagues en or et argent.
Sérapis, accompagné de sa parèdre Isis, la plus grande divinité féminine hellénistique, ne fut pas aussi facilement accepté par les égyptiens et jamais il ne fut question de créer un dieu commun au Grecs et aux Égyptiens dans le but de les unir.
Son iconographie est totalement grecque : les cheveux bouclés, la barbe bifide, la toge plissée, le déhanché et les traits du visage sont typiques de la culture hellénistique. Il est toujours couronné du calathoset tient parfois une corne d’abondance, remplie de fleurs et de fruits représentant ainsi la richesse et la fertilité.
De par son déhanché marqué et son absence de barbe, l’œuvre Co. 1230 pourrait être plus facilement rapprochée de l’époque romaine que grecque. Sa petite taille permet de supposer qu’il s’agit d’une œuvre commandée par un dévot souhaitant en faire offrande au dieu.
Les collections du musée Rodin conservent les œuvres Co. 1369, Co. 1434 et Co. 1462 qui sont également des figurations de Sérapis mais sous forme de bustes utilisés probablement comme pendentif.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation à l’État français en 1916.